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Pour qui s'est initié, comme ce fut presque la règle pour nous tous, à la lecture de Hegel à l'aide de Alexandre Kojève et de Jean Hyppolite, le livre de Paulo Arantes est surprenant. Le thème central est bien toujours le temps ou l'" être-là du Concept ". Mais, comme ces intrigantes figures que l'on trouve dans les ouvrages de Gestaltpsychologie, ce qui là était forme soudain est devenu fond, ce qui là était fond est devenu forme.
Il s'agit, tout bien pensé, d'une opération simple : rétablir l'empire de la Science de la Logique, contre les lectures, disons, " existentialistes ", - ces lectures qui se sont installées à partir des écrits de Jean Wahl qui soulignait le " pantragisme " de Hegel, disqualifiant ce qui serait une espèce de " parilogisme " vide.
" Simple " n'est qu'une façon de parler, ce retournement n'en exige pas moins le rude travail de parcourir la genèse purement conceptuelle du Temps, avant de le décrire comme " vécu " ; et cette opération n'est possible pour des poumons capables de supporter la plus raréfiée des atmosphères.
" Compliquée " serait le qualificatif plus approprié à cette opération, puisque elle seule permet, dans la seconde partie du livre, de retrouver la complexité de l'Histoire, en rejetant la voie droite et facile des différents anthropologismes. Il ne manque pas en outre, à cet examen de l'architecture logique du temps, ce qui se fait le plus attendre à la lecture de Hegel, à savoir l'appréciation de sa postérité aujourd'hui.
C'est principalement dans les innombrables et longues notes de la seconde partie que le lecteur pourra, au-delà de l'indispensable analyse interne de la dialectique hégélienne, entrevoir beaucoup plus qu'une simple promesse d'interprétation du marxisme contemporain.
Bento Prado Junior