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La première partie de son oeuvre, inaugurée par l'Epithalame (1921), dessine autour du lien conjugal des arabesques merveilleuses. Dans la promiscuité conjugale, homme et femme peuvent se modeler, ou se détruire, ou les deux ensemble. Ils écoutent la mélodie de la solitude, qui est très suave et très cruelle. Ils s'épient, se sourient, se narguent. Il y a de la tendresse dans leur exaspération, de l'ironie dans leur tendresse, du désespoir dans leur ironie.
Jamais les époux de Chardonne ne fusionnent, car jamais ils ne couchent ensemble. Pourtant ses héroïnes sont désirables ; un feu intérieur les embrase, qui ressemble à de l'hystérie contenue. Ce dédale conjugal, cette moiteur, cet inachèvement nous sont restitués en phrases courtes et sèches, baignées d'une clarté lunaire. Petites phrases en forme d'aquarelles qui glissent comme fait la pluie sur une fenêtre, un dimanche après-midi, dans une maison bourgeoise et provinciale, à Barbezieux ou ailleurs...
Denis Tillinac (1984)