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Jusqu'au début des années 1980, peu de gens avaient vu un embryon humain. Depuis l'apparition de la fécondation in vitro, l'embryon humain in vitro est devenu tangible, visible, congelable, étudiable, manipulable, destructible. Certes, les fausses couches précoces et l'avortement le livraient déjà aux mains des scientifiques, mais il était mort. Désormais vivant, dynamique, promesse d'un enfant à venir, il est également plus accessible à la main de l'homme.
Depuis que la science nous permet de pénétrer l'intimité de l'embryon, ce n'est plus qu'un fœtus doté d'un cœur et d'un cerveau, mais un embryon de quatre cellules qui se présente sous nos yeux. Par étymologie, ce qui était caché et donc mystérieux est devenu un enjeu de pouvoir qui doit être appréhendé par le droit : dans le cas de l'embryon in vivo, la question est celle de sa suppression, donc de l'avortement.
En revanche, les questions soulevées par l'embryon in vitro sont d'un tout autre ordre : à l'instar des organes et des éléments du corps, c'est son utilisation qui pose problème. Du point de vue juridique, elle conduit à s'interroger sur la qualification à donner : on se heurte alors aux deux seules catégories disponibles que sont le sujet et la chose. Or, ni l'une ni l'autre ne peuvent permettre de se promener sur la nature juridique de l'embryon humain in vitro.