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L'édification du socialisme s'achève dans l'opulence soudaine d'une classe sociale toute neuve et le largage sans états d'âme des masses populaires. Le fait accompli est vécu comme une imposture.
En Algérie comme ailleurs, l'Islam politique, renouant avec un discours millénaire et familier, se veut une solution de rechange à l'" échec des idéologies importées ". Des foules exaltées y voient l'instrument de la rétribution et le chemin du salut.
Il sombre très tôt, dans l'action de groupes armés, en nihilisme obscurantiste et meurtrier.
Les défis des impasses du pays et de l'Islam politique n'en font qu'un, sévère et durable. Dirigeants et oppositions démocratiques, également désarmés, n'y opposent aujourd'hui qu'un " silence vaincu ". Celui-ci constitue la force principale du projet d'Etat et de société théocratiques.
Néanmoins, pour les uns comme pour les autres, la perspective d'un État islamique serait d'ores et déjà définitivement écartée.
Dans ce théâtre d'ombres des institutions du pouvoir et des opposants agréés, l'aveuglement n'a d'égal que l'indigence du discours politique.
La tragédie algérienne serait en outre un cas singulier. Tout, bien sûr, dément ce lieu commun. Elle ne l'est guère dans la centaine d'Etats faisant fonction de chœur dans le concert des nations. Elle l'est moins encore dans l'espace musulman. Il n'y a plus, dans ce dernier, de frontières suffisamment étanches aux osmoses de l'impasse commune des peuples.
Pas plus celles des Etats que celles des langues et des cultures. Or, ce qu'on appelle la crise ne fait que commencer.
Il n'est que temps de refonder enfin, loin des chimères de modernités insaisissables, un projet mobilisateur d'émancipation populaire, de modernisation de la société et de démocratisation du pouvoir.
Il n'y a toujours pas, pour cela, de solutions toutes prêtes. Pas même en Occident, à l'heure actuelle.
C'est si peu croyable que peu le croient.