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Plus de deux siècles après sa mort, que peut apporter Rousseau, philosophe du XVIIIe siècle, à l'homme de la fin du XXe ?
Au moment même où s'éveille la pensée moderne, Rousseau a eu le mérite d'aborder la plupart des problèmes fondamentaux qui se posent, aujourd'hui encore, à l'individu comme aux sociétés.
Son Contrat social est une réflexion sur ce que devrait être la société juste, fondée sur le respect de la loi et de l'ordre, mais aussi sur la liberté et le droit au bonheur.
Tirée à hue et à dia, cette pensée sera dénoncée - signe de son caractère provocant et mobilisateur - tantôt comme à l'origine de toutes les anarchies libertaires, tantôt comme le germe de toutes les « démocraties totalitaires ».
Sur le plan religieux, il a tenté, dans un siècle de dogmatisme, de sauver de la foi ce qui pouvait l'être en rénovant la ferveur, annonçant le règne de la tolérance et de l'ocuménisme des Églises, position qui lui valut la persécution des catholiques et des protestants, mais aussi celle de ses amis philosophes.
Avec les Confessions, Rousseau n'invente pas, mais porte à son point de perfection la littérature du moi, découvre l'importance de l'enfance dans la genèse d'une personnalité et fonde l'autobiographie moderne : Chateaubriand, Sand, Stendhal et bien d'autres seront tributaires de ce modèle.
Les Rêveries et les Dialoguers complètent l'entreprise justificatrice, développent la littérature de l'analyse et de l'intimisme.
Dans l'Émile, il a énoncé quelques-uns de ses grands principes d'éducation dont se souviendront, jusqu'à nos jours, tous les réformateurs de la pédagogie, appelé à la reconstitution du milieu familial, au respect de l'enfance.
Romancier, il a créé, avec la Nouvelle Héloïse, et bien avant Proust, le premier grand roman moderne de la temporalité, qui fut aussi le best-seller du siècle et contribua à modifier profondément l'évolution du genre romanesque.
Qu'en est-il donc de la personnalité de cet écrivain, romancier, pédagogue, philosophe, qui suscita et suscite encore aujourd'hui tant de controverses ? Cette biographie, qui se lit comme un roman, brosse un portrait synthétique et nuancé de cette figure immortelle de la littérature.
Raymond Trousson est professeur à l'Université de Bruxelles et membre de l'Académie royale de Langue et de Littérature française de Belgique.
Il a publié des travaux consacrés à des problèmes de littérature comparée, ainsi qu'une histoire européenne de l'utopie. Spécialiste du XVIIIe siècle, il est l'auteur de nombreux ouvrages et articles concernant les grands auteurs des Lumières et l'histoire des idées, ainsi que de livres sur l'influence de Rousseau sur Balzac, Hugo ou Stendhal.
