J'ai acheté ce livre pour découvrir en quoi il pouvait autant faire parler de lui. Qu'on ne me dise pas que c'est pour son prix, 3 euros pour un livre de 20 pages, je n'appelle pas ça un livre « pratiquement gratuit ». Non j'espérais y trouver plus que ça.
J'y ai découvert un message qui m'est directement adressé en tant que jeune étudiant de 22 ans. Il me faut m'indigné d'après Mr Hessel. Seulement voilà, on comprend bien que si j'achète ce genre de livre, si je m'intéresse à la politique, si je m'intéresse à l'actualité et à l'avancée de la société alors je suis forcément
indigné. Indigné par cette société de consommation ou l'être humain et même les êtres vivants n'ont plus guère de place en tant que tel.
Le problème est là, à quoi sert ce livre ? A mettre des mots sur ma révolte, des mots que je ne trouve pas toujours étant donné que je suis loin d'être un littéraire né. Ces mots sont très bien sorti, on sent l'expérience de Mr Hessel, je ne peux critiquer le sujet, ni l'écriture, ni même certaines de ses idées que je ne partage pas. Tout semble parfait et pourtant je reste sur ma faim.
La faim n'est pas apparue à cause de l'épaisseur de ce livre mais plus parce que ça ne m'a rien apporté réellement. Tout le monde est capable de s'indigner et même le doit quand on voit notre société. C'est d'ailleurs je pense la raison de cette finesse du livre, c'est à nous d'écrire la suite qui ne se terminera jamais. Maintenant peut-on arriver à écrire une fin heureuse ? J'en doute mais je continuerai à militer contre ce système.
On continue...
Un vieux monsieur très élégant et très intelligent, comme on en fait plus, c’était exprimé. Pour une fois un vieux monsieur de gauche tirait la bourre à Jean d’Ormesson en librairie et à la télé. Je savoure encore plus son succès car je sais que son combat ne date pas tout à fait d’hier et ne s’est jamais vraiment arrêté, quelle endurance ! Sa superbe que je rapprocherais d’un Stefan Zweig, un Zweig de nos temps obscurs.Qu’avions-nous fait de l’héritage de nos grands-parents ? Le propos était clair, l’esprit lumineux et puis venant de quelqu’un de son âge et de son expérience, on ne pouvait le rembarrer comme nous dans les cordes aussi facilement au nom d’un énième impératif « réalistique ». Les idées ont souvent un énorme besoin d’incarnation. Que dit le texte de Hessel ? Des choses très simples et essentielles. Quel héritiers sommes-nous ? Qui connait encore ce texte fondateur du CNR qui sert de socle à notre système ? Qu’en a-t-on fait et pourquoi ? Des questions auxquelles il répond tout simplement en parlant de sa propre expérience –même plutôt de son propre cheminement- mais en invitant les gens à chercher autour d’eux à hauteur citoyenne ce qu’il est possible de faire.. Ce petit texte nous invite « à renouer avec l’Histoire » qu’on a laissé aussi aux autres. On préfère s’arranger d’un absentéisme monstrueux. Ce vieux monsieur le redit et il a raison : « l’indifférence est la pire des attitudes ». En hommage au seul homme qui prit la parole quand tout le monde recommençait à se taire et en souvenir d'un moment de librairie où les idées cheminaient, les idées circulaient et notre commerce profitait d'un petit supplément d'âme...