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La folie n'est plus d'actualité : sa figure inquiétante s'est dissoute dans les savoirs modernes. Le fou n'est plus, qui jadis incarnait l'autre par excellence : il est devenu notre prochain, malade, simplement. La modernité, ce serait cet effacement positif de l'altérité, dans le règne général des échanges et de la discussion.
En est-on si sûr ? Ne voit-on pas émerger de nouvelles figures qui répètent à l'envi les antiques partages, trouvant pour les dire les mots angoissés de notre temps ? L'autisme par exemple n'est-il pas folie de la communication, la pédophilie folie du sexe ?
Il serait plus pertinent de dire que la folie est toujours inactuelle, étant ce qui résiste à la rhétorique consensuelle de l'actualité, et ce qui insiste pour qu'il en soit pris acte.
La polyphonie de cet ouvrage tente d'en rendre compte, en s'interrogeant sur le rapport entre le lien social tel qu'une époque le construit et les catastrophes subjectives qui témoignent des points d'effondrement.
Hors-temps : un temps qui ne passe pas, un autre temps expulsé, arraché au temps de l'histoire, les métaphores s'épuisent à tenter de dire ce qui noue drame subjectif et mémoire partagée.
Il faut un acte pour que cesse l'in-actuel, l'immuable suspension, l'attente interminable. Acte d'inscription par lequel la douleur d'un seul cesse d'être un trou béant pour prendre place dans la création partagée du politique.