Fais de moi la colère

Que se passe-t-il dans la vie d’Ismaelle ? Fille de pêcheur sur le lac Léman, son père disparaît une nuit, seule sa barque est retrouvée. À 17 ans, Ismaelle quitte le lycée et reprend la pêche, par désœuvrement, pour ne pas couler comme son père ? C'était sans compter sur l’apparition d’événements inquiétants à la surface du lac : chaque nuit charrie son lot de corps nus, d’abord un, puis d’autres et des dizaines, des centaines. Il y a des primes pour le ramassage et Ismaelle loue sa barque une petite fortune. Le temps pour elle de rencontrer Ezechiel, appelé le fils de l’Ogre. L'ogre était un monarque africain qui avait édifié un palais sur les hauteurs de la ville d’Ismaelle. Déchu, le palais avait été pillé pendant des années d’abandon, avant le retour du fils. Ismaelle s'est-elle laissée prendre dans ses filets par ennui, par envoûtement, est-elle amoureuse ? Que lui veut l’homme, qui l’attire et lui fait peur, dont elle croit être la proie ? Lors de longues nuits enfiévrées par l'alcool et la chaleur du feu, le fils de l’ogre va faire d’Ismaelle la confidente du récit de sa vie : l'autorité, la violence et la richesse de son père, les génocides, le harem. Il dit que les corps anonymes qui continuent d’affluer sortent des coffres surchargés des banques suisses. C’est la Bête qui les chasse, la Bête qu’il est venu chercher, l’aboutissement de ses combats à mains nues contre les crocodiles de son père. La Bête va ressortir et à ce moment-là les hommes ne pourront rien. Délaissant un instant avec brio la littérature ado où il a fait ses armes et par laquelle il avait fait montre de son talent, Vincent Villeminot nous livre un récit des plus personnels, magique, une quête fantastique après un hypothétique "monstre du Loch Ness" du lac Léman issu des rêveries de l'écrivain, créant ainsi un lien étroit entre Moby Dick et Jean Hatzfeld ou Jean Rolin. A l'aide d'une écriture précise et, pour reprendre l'expression de l'auteur, taillée au scalpel, créant ainsi un récit halluciné, Fais de moi la colère est assurément le roman le plus abouti, le roman d’une vie et j’ai envie de dire le roman le plus ‘’adulte‘’ de Vincent Villeminot.