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Les robots fascinent et cristallisent les peurs avec l'angoisse d'être un jour dominés, voir supplantés par eux. Leur irruption dans nos vies nécessite une réflexion éthique. Si les robots apprennent seuls comme des enfants, il est souhaitable de les programmer avec des valeurs morales, des règles de vie en société et de contrôler leur apprentissage.
En robotique plus que dans tout autre domaine, la science fiction a précédé la science : la série télévisée Real Humans en 2012 met en scène des robots humanoïdes dans un cercle familial.
Les robots fascinent et cristallisent les peurs avec l'angoisse d'être un jour dominés, voir supplantés par eux. Nos peurs se nourrissent des mythes, fantasmes et fictions mais surtout d'une méconnaissance fondamentale des avancées de la technologie. La majorité des personnes ne font pas de différence entre les récents progrès en Intelligence Artificielle et la complexité d'un robot socialement intelligent.
Ces peurs attisées dans les médias par le courant transhumaniste masquent malheureusement une réalité plus pragmatique : la nécessité de préparer la société à l'arrivée des robots.
Etablir une relation sociale et affective avec les machines n'est plus seulement un rêve d'auteur de science fiction, mais bien une thématique émergente de nombreux chercheurs. Ces robots vont habiter nos maisons et également partager avec nous une histoire.
Nos capacités d'empathie peuvent conduire à s'illusionner sur les capacités réelles des robots, leur irruption dans nos vies nécessite une réflexion éthique. Si les robots apprennent seuls comme des enfants, il est souhaitable de les programmer avec des valeurs morales, des règles de vie en société et de contrôler leur apprentissage.
A partir de son expertise de chercheur en interaction homme-machine, en informatique émotionnelle et éthique, Laurence Devillers propose d'enrichir les lois d'Asimov avec 10 "commandements" éthiques pour des robots loyaux.
Il s'agit avant tout de susciter des questionnements sur les robots et leur place dans la société, notamment dans les secteurs de la santé, du bien-être et de l'éducation.
RECOMMANDÉ PAR CULTURE-CHRONIQUE
Laurence Devillers qui publie “Des robots et des hommes” est professeure d’informatique à l’université Paris-Sorbonne et chercheuse au LIMSI-CNRS où elle travaille sur l’interaction homme-machine, la détection des émotions, le dialogue oral, l’éthique et la robotique. Elle était la spécialiste toute désignée pour transmettre au plus grand nombre sa réflexion sur ces différentes thématiques et reconnaissons que c’est une lecture tout à fait éclairante pour ceux qui se sont arrêtés à l’oeuvre déjà ancienne d’Isac Asimov qui avait fixé les trois lois relatives au rapport des robots avec les hommes :
- Un robot ne peut blesser un être humain ni, par son inaction, permettre qu’un humain soit blessé.
- Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la Première Loi.
- Un robot doit protéger sa propre existence aussi longtemps qu’une telle protection n’est pas en contradiction avec la Première et/ ou la Deuxième Loi.
Ce sont des lois qui conservent toute leur actualité avec l’émergence des robots sociaux qui sont du point de vue informatique une entité complexe pouvant être pilotée par plusieurs ordinateur, et qui regroupe des fonctions correspondant à différents programmes. Mais ils sont aussi des objets d’une nature différente d’autres objets car ils peuvent se substituer à l’homme, simuler des caractéristiques du vivant, se déplacer dans un environnement humain. Laurence Devillers explore toutes les possibilités qu’offrent ou vont offrir les robots sociaux et les assistants virtuels. Certains imaginent même d’utiliser des robots sexuels pour soigner les pathologies sexuelles les plus graves. Elle explique qu’il n’existe pas encore de robots moraux mais on peut imaginer que ce pourrait être une possibilité. Certains chercheurs pensent que des robots soldats pourraient se comporter plus moralement sur un champ de bataille que des hommes. Pour d’autres il parait impossible qu’un sens moral soit codé sur les robots car ils ignorent la souffrance. Le défi est de créer une machine suffisamment intelligente pour avoir une “conscience morale”, ou au moins un premier niveau de conscience de soi.
Au terme de son ouvrage Laurence Devillers prolonge les trois lois d’Asimov en proposant onze commandements pour les robots sociaux qui sont le fruit d’une réflexion approfondie sur le sujet. Ces onze commandements ouvrent finalement une nouvelle réflexion sur l’intelligence artificielle, indispensable car tout ne fait que commencer.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)