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Si je réécrivais un peu l'histoire, je tairais les policiers devenus des vautours, la jeunesse égarée, le gouvernement appelant les terroristes au cessez-le-feu, les enfants qui ne jouent plus parce que les rêves les ont quittés trop vite.
Je passerais sous silence mon grand-père à la tête vide, l'herbe desséchée par le soleil, les fourmis rouges dévoreuses de peau, les douches prises à minuit lorsqu'un peu d'eau coulait enfin du robinet.
Je feindrais le bonheur de vivre désormais dans une ville étrangère, loin des amis d'enfance et de la lumière enveloppante d'Alger. J'oublierais les coups de fil incessants de ma mère qui se désespère de me savoir célibataire à trente ans.
Resterait la perspective de revenir en Algérie avec l'image détestable des gens qui quittent leur pays sans remords pour vivre là-bas.
Née en 1986 à Alger, Kaouther Adimi vit et travaille à Paris.
Son premier roman, L'Envers des autres (Actes Sud, 2011) est d'abord paru en Algérie aux éditions Barzakh et a obtenu le prix de la Vocation.
Une existence entre deux cultures
Récit autobiographique d'une femme née dans les années 80 en Algérie, qui a connu la guerre des années 90 et une envie irrépressible de partir à Paris pour y travailler et y vivre.
C'est le récit d'une vie de célibataire qui se construit à Paris et d'une famille en Algérie avec ses croyances, ses rites, les règles édictées par la société; avec le mariage en toile de fond.
Ce roman montre bien le déracinement de ceux qui "partent" et leur difficile retour même temporaire.