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" Le livre de Michel Balat a suffisamment d'attrait pour capter l'attention du lecteur le plus pressé, du simple curieux au plus averti. Le premier qui a entendu parler de Freud et de Lacan se demandera peut-être qui peut bien être le troisième homme : ce Peirce serait-il un psychanalyste méconnu ? Le second se demandera certainement ce que peut bien avoir à faire avec Freud et Lacan ce philosophe logicien qui exécrait l'inconnaissable.
Que le lecteur se rassure, le livre de Michel Balat n'a rien d'une comparaison forcée de pensées incomparables. Certes Freud ne semble avoir ni lu ni même entendu parler de Peirce. Il connaissait William James qui l'avait accueilli aux Etats-Unis en 1909. Peirce a peut-être appris la nouvelle du séjour américain de Freud, encore n'en jugerait-on pas. Cependant Lacan connaissait Peirce et s'y référait.
C'est un fait aussi que la pensée freudienne est comme celle de Peirce triadique. Son propos : tenter de faire comprendre au lecteur ce qu'est l'inconscient, ce qu'est un sujet, ce que la pensée peut bien saisir de l'un et de l'autre. La démarche ne pouvait être ni poétique, ni historique, ni formelle, le chemin que l'auteur emprunte est tout en détours. Ne parcourt-il pas un labyrinthe ? Il nous épargne le parcours du labyrinthe qu'il survole pour nous.
Ce qu'il nous laisse entrevoir est non seulement révélateur, mais fécond. Le livre fermé, le lecteur poursuivra, pour lui-même, la quête de ce sujet pris entre un inconscient qui se dérobe et un conscient qui l'étouffe. On sort ébloui de cette nouvelle Caverne - Palais aux mille miroirs - mais le Soleil des Intelligibles ne fait plus illusion. La réalité n'est plus ce qu'elle était, et l'on ne pourra plus lire Peirce, Freud et Lacan de la même manière.
" Gérard Deledalle.