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Ce texte dense, aux développements compacts, déferlants, heurtés, bousculés, mobilise le lecteur. Il lui demande " un p'tit peu " de la concentration et des efforts fournis à chaque entretien, par la déroutante (désarmante ?) Yonida et son accompagnateur. On se familiarise peu à peu avec cette technique de la parole-écriture particulièrement bien maîtrisée dans son originalité. Du " première main " qui a du souffle.
Un climat, des fatalités oppressantes, des fragilités de Destin, des naïvetés, de la biographie détaillée, circonstanciée, datée, accumulée, d'autant plus abondante et captivante (pour notre malaise) qu'elle n'est pas limitée par du sur-moi, du discernement, de la discrétion, du respect de ce qui convient ou pas. Victime de décompositions, perversités et déconstructions mortifères. C'est cosmopolite, c'est contemporain, c'est près de nous.
C'est du réitératif monstrueux. Ça rend malade. Quant à la démarche de longue haleine Écriture Biographique Accompagnée, elle confirme toute sa pertinence. Yonida a tout à y gagner. Elle en profite, elle s'y complaît, elle se raconte avec un enchantement communicatif. Mais peut-on dire Reconstruction ? À quel stade de développement sommes-nous ? On ne la voit pas (encore ?) dégagée des asservissements.
Où est sa dignité ? sa force de jugement ? sa responsabilité affirmée ? On s'arrête sur les impatiences de l'accompagnant au cours de quelques entretiens, dans les derniers dialogues du 12 juin 2006, dans les lettres pressantes du 10 novembre 2006 et du 6 avril 2007. On souhaite que Yonida progresse. Qu'elle prolonge la parole-écriture, de son cahier, en albanais ou en français, jusqu'à dire Je maîtrise, sans se laisser abuser.
Jean Laurent.