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Maths sup, Maths spé, Polytechnique : c'est le chemin de l'élite. Mais les bacheliers qui s'engagent dans cette voie savent-ils ce qui les attend ? Dans cet essai superbement écrit, l'auteur revient avec ironie sur son expérience de cette filière : la journée de travail du taupin commence à 8 heures, finit à minuit ; la vie, l'actualité et le bruit du monde s'arrêtent à la porte de sa classe ; la réussite aux concours est une véritable question de vie ou de mort.
Les épreuves sont des batailles ambiguës dont on ressort à chaque fois mi-vainqueur et mi-vaincu. Leur succession finit par façonner une véritable technique, accrocheuse, productive et maîtrisée, un art du devoir en temps limité. Ainsi se forment les bêtes à concours.
Certains deviennent brutalement taciturnes, insomniaques, obsessionnels. Les tentatives de suicide sont nombreuses mais cachées : " Si la plupart des bacheliers ont la bosse des maths en arrivant, tous repartent avec un traumatisme crânien.
" À la fois stakhanoviste et passif, le taupin engrange selon une conception digestive de l'apprentissage. La conséquence en est l'oubli, noir et vengeur : " Mon cerveau a vomi ce qui lui a été inculqué, si bien que je serais aujourd'hui incapable de donner des cours en première année de fac. Lorsque je m'oblige parfois à exhumer de veilles formules, c'est avec peine, et plein du sentiment étrange et douloureux que cet élève n'était pas moi.
Je préfère alors rester en deçà de la compréhension, et feuillette mes livres comme s'il s'agissait des vestiges d'une écriture disparue, ou de l'exploit sibyllin d'un artiste contemporain. "
Quel impératif national justifie qu'une partie de la jeunesse se mutile en sacrifiant ses meilleures années ? Comment ceux qui ont été ainsi formés affrontent-ils le monde du travail et s'y comportent-ils ? À lire impérativement avant de faire Maths sup !
(Cette édition numérique reprend, à l'identique, l'édition originale de 2009).