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Le quotidien drôle et caustique d'une jeune prof de collège.
Princesse Soso enseigne l'anglais à des collégiens avides de connaissances, ambitieux et polis. Enfin presque tous. (Certains ont tendance à utiliser les extincteurs pour faire taire leurs petits camarades.) Elle aimerait bien se consacrer uniquement à l'enseignement de la langue de Beyoncé Shakespeare sauf qu'elle doit aussi apprendre à ses élèves que non, on ne crache pas dans les cheveux des autres, mais que oui, on peut passer une journée sans insulter qui que ce soit.
Et les parents...
Si certains sont respectueux, à l'écoute, concernés, d'autres sont convaincus que le Coca remplace avantageusement le lait au petit déjeuner et que les profs sont des tortionnaires nés pour persécuter leur choupi (oui, celui qui aime bien cracher dans les cheveux).
Enfin, il y a les hautes sphères adeptes des fulgurances qui multiplient les réformes sans trop se préoccuper de l'avis des profs. Ces profs nombreux à être motivés et investis, si, si, c'est vrai (promis, juré, craché) (mais pas dans les cheveux).
Avec une acidité et un cynisme qui cachent un cour de guimauve, Princesse Soso livre ses coups de cour et de griffe, ses craintes, ses doutes et ses idées sur une école démunie.
Mais plus que tout, Princesse Soso crie son amour pour l'école que, plus que jamais, il faut valoriser et défendre.
Amour et dérision
Dès le titre, le ton est donné. Mélange d'humour, de références pseudo-culturelles et de réalité cinglante, nous sommes directement plongés au cœur de l'action dans ce livre. Moi qui ai en effet voulu devenir professeur mais ayant abandonné en cours de route, je me rends compte grâce à ce témoignage que je n'aurais jamais été à la hauteur... Au fil des pages, on découvre de nombreuses anecdotes. Parfois amusantes, parfois choquantes, le métier de professeur n'est vraiment pas de tout repos. On se rend compte grâce à Princesse Soso que les collégiens ne sont pas aussi mignons qu'on veut bien nous le faire croire et que bien souvent, les professeurs doivent aussi se battre contre les parents démissionnaires qui ne bougent pas d'un pouce même lorsqu'on leur fait remarquer qu'il y a de quoi ouvrir un dossier de carence éducative. L'enfant-roi, livré à lui-même, perturbé et perturbateur. On découvre ainsi une élève de cinquième prête à accoucher, bien des autres qui s'habillent de façon provocante, aussi inappropriée en classe que pour une fille de cet âge. On découvre les élèves pour qui l'école est devenue un terrain de jeux et de violence, d'insultes et de bagarres, ou carrément un lieu où multiplier les conquêtes, fumer en douce et mépriser les adultes.
L'auteur est pleine d'humour mais cela ne l'empêche pas d'aborder les problèmes la tête haute grâce à sa force de caractère. Elle n'hésite pas à expliquer pourquoi telle ou telle réforme de l'Education nationale n'est que sottises, elle met les pieds dans le plat mais l'assume comme lorsqu'elle fait remarquer à quel point il est idiot d'enseigner l'anglais à des enfants ne sachant même pas lire et écrire le français. Bien souvent, l'attitude des éléments perturbateurs trouve son point de départ à la maison. De nombreux parents prennent l'école à la rigolade et répondent avec virulence lorsque Princesse Soso essaie de leur faire comprendre où le bât blesse.
Le système scolaire français s'essouffle (classes surchargées, trop hétérogènes, manque de moyens matériels comme d'effectifs,...) mais elle ne s'en étonne guère et essaie de lutter à son échelle. L'école est devenue chaotique, inadaptée au temps et aux jeunes d'aujourd'hui. L'insolence est maître chez ces collégiens voulant grandir plus vite que la Nature ne l'a voulu. Un témoignage à ne pas rater alliant avec adresse vécu, jeux de mots, dérision, désillusions et remises en question... mais où on découvre également tout le coeur et la dévotion d'une jeune femme envers son métier.