L’issue d’une relation amoureuse est-elle prédéterminée ? C’est ce que s’applique à démontrer Alice Ferney dans son dernier roman Cherchez la femme.
Elle dissèque avec opiniâtreté, parfois répétition pour mieux asseoir sa démonstration.
Nos actes sont le reflet de notre caractère, lui-même façonné par nos origines, notre éducation.
Pour cela, elle remonte sur plusieurs générations. Les premiers chapitres sont consacrés à l’histoire de Vladimir et Nina, les parents de Serge. Vladimir a perdu sa mère très jeune. Lorsqu’à 26 ans, il rencontre la jeune Nina,
il voit en elle une future mère.
Nina, élevée par sa grand-mère, réfugiée russe en mal d’enfant, ne vit pas chez ses parents. Son père, mineur, est alcoolique et sa mère est trop faible pour reprendre sa fille à l’autorité de la grand-père. Vladimir, ingénieur des Mines, est une opportunité pour sortir de son milieu.
Trop jeune pour être mère, Nina regrettera bien vite ses ambitions bafouées et reportera ses envies de succès sur Serge, enfant doué et loué.
Serge et Jean, son frère vont grandir au milieu des cris et reproches de Nina, subissant les déménagements successifs liés au métier de Vladimir. Serge est intelligent, sportif et l’adulation de sa mère renforce son besoin de paraître, d’être mis en lumière, d’être reconnu.
Quand il rencontre la belle Marianne, fille d’une famille bourgeoise parisienne, il sait que l’aura de cette femme lui permettra d’être remarqué. Commence alors le récit de cette union face aux exigences des vies professionnelles, personnelles et contraintes des familles de Serge et de Marianne.
Marianne est le seul personnage qui fait l’effort de parler (peut-être un peu trop), de comprendre. Mais face à l’ambition de Serge, à la superficialité de ses motivations, elle peine à sauver leur famille composée maintenant de trois enfants. Son succès professionnel, son assurance mettent en exergue les failles de Serge, sans qu’elle s’en rende vraiment compte.
Derrière cette analyse psychologique très fine, cette dissection à la loupe de chaque comportement des différents personnages, il y a une réelle histoire de familles, de couples. Grâce au style simple et clair, au mélange subtil d’analyse et d’histoire, j’ai traversé ce long roman avec une réelle envie de connaître l’issue de ces couples.
Certains pourront se lasser de cette analyse trop poussée, mais personnellement, j’ai apprécié ce regard presque clinique de l’auteur sur le couple et la vie. Parce que nous les connaissons presque intimement, les personnages sont riches et attachants. Vous éprouverez peut-être de la peine ou de la haine pour Nina, cette trop jeune mère « si soucieuse de faire impression qu’elle en oubliait d’exister« . Vous aurez envie de jeter Serge, cet enfant adulé devenu un ambitieux superficiel et indifférent. Vous serez agacé par Marianne « droguée qui réclamait sa dose de Serge« . Et vous aurez envie de savoir si leurs destins étaient effectivement déterminés par leur éducation.
Quel ennui!
Alice Ferney dissèque cette famille, tentant de prouver que ce que l'on devient est totalement lié au poids que nos parents nous font porter. C'est une évidence, je ne suis pas sûre que plus de cinq cent pages soient nécessaires pour le prouver. Et d'ailleurs, je ne pense pas que ce qu'elle prouve soit toujours réaliste : on ne devient pas forcément un génie parce nos parents le souhaitent, cela ne suffit pas à faire intégrer L'ENS, d'autant que jamais Alice Ferney ne nous montre que Nina et Vladimir, qui ne viennent pas de familles follement aisées, n'apportent à leurs enfants l'élément essentiel à ce gere de réussite : la culture. Ils en font un bon sportif mais qui ne semble ni lire, ni aller au théâtre par exemple. Je n'ai pas réussi à finir ce roman qui m'a fait sombrer dans l'ennui et l'agacement. Je l'ai pourtant repris après avoir une fait une pause entre les histoires des deux couples mais rien n'y fît, plus ça allait, plus je trouvais l'ensemble répétitif (les pères qui laissent faire, les mères qui ont leurs humeurs) et caricatural (les parents de Serge et de Marianne). Peut-être que le comble fut atteint pour moi lorsqu'elle parle des enfants sages comme s'ils ne pouvaient qu'être les produits de parents tyranniques.