Charles VII règna près de quarante ans sur le royaume de France (1422-1461) ce qui pour l’époque constitue une forme de record. Beaucoup d’historien l’ont présenté comme un prince falot emporté par le cours de l’histoire. Philippe Contamine ne partage pas ce point de vue. Charles de Valois traversa un siècle de turbulences où les désordres administratifs et institutionnels furent nombreux mais comme l’écrivait Marc Bloch, le bon historien est comparable à l’ogre de la légende - toujours à la recherche de chair humaine, de chaîr fraîche. C’est en effet par
les sources, analysées et expertisées, qu’il est permis à l’historien d’atteindre en imagination les hommes du passé. Dans le cas du règne de Charles VII les protagonistes sont nombreux : Angleterre, Bourgogne et Ecosse mais aussi Bretagne, Anjou, Orléans, Bourbon, Foix, Armagnac et à de plus grandes distances, l’Empire, la papauté et les puissances italiennes.
L’une des forces de l’ouvrage de Contamine est de replacer le règne de Charles VII dans sa période historique, une époque qu’il est très difficile de se représenter aujourd’hui tant la vie des contemporains de Charles de Valois était très différente de la nôtre. L'impression selon laquelle le règne de ce roi ne correspond pas seulement à une douloureuse parenthèse pendant laquelle bien des fois l’anarchie sembla l’emporter mais à une crise de croissance de l’Etat, à une étape importante dans la construction du royaume de France, se fonde sur quantité d’éléments : un concept de souveraineté, la règle de la succession à la Couronne singulièrement renforcée, une meilleure utilisation de l’espace du royaume et des ressources humaines, en matière fiscale et militaire, un consentement beaucoup plus intériorisé de la part des français à l’impôt à condition que son prélèvement soit raisonnable et bien réparti, d’où des ressources financières plus régulières et l’idée qu’est décidément passé le temps d’une France désarmée en période de paix ou de trêve, un roi davantage qu’aux époques précédentes reconnu chef de l’Eglise de France , un dialogue assez paisible entre lui et la majeure partie de ses “bonnes villes”, une justice souveraine rétablie dans sa souveraineté, un sentiment identitaire plus fort entre le roi et ses sujets.
En explorant la dimension politique du règne de ce roi taiseux et obstiné Philippe Contamine nous permet de saisir les pratiques du pouvoir de cette époque et les raisons qui firent naitre pour la première fois dans le royaume de France une forme de sentiment national.
Hugues DE SINGLY (CULTURE-CHRONIQUE.COM)
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Charles VII règna près de quarante ans sur le royaume de France (1422-1461) ce qui pour l’époque constitue une forme de record. Beaucoup d’historien l’ont présenté comme un prince falot emporté par le cours de l’histoire. Philippe Contamine ne partage pas ce point de vue. Charles de Valois traversa un siècle de turbulences où les désordres administratifs et institutionnels furent nombreux mais comme l’écrivait Marc Bloch, le bon historien est comparable à l’ogre de la légende - toujours à la recherche de chair humaine, de chaîr fraîche. C’est en effet par les sources, analysées et expertisées, qu’il est permis à l’historien d’atteindre en imagination les hommes du passé. Dans le cas du règne de Charles VII les protagonistes sont nombreux : Angleterre, Bourgogne et Ecosse mais aussi Bretagne, Anjou, Orléans, Bourbon, Foix, Armagnac et à de plus grandes distances, l’Empire, la papauté et les puissances italiennes.
L’une des forces de l’ouvrage de Contamine est de replacer le règne de Charles VII dans sa période historique, une époque qu’il est très difficile de se représenter aujourd’hui tant la vie des contemporains de Charles de Valois était très différente de la nôtre. L'impression selon laquelle le règne de ce roi ne correspond pas seulement à une douloureuse parenthèse pendant laquelle bien des fois l’anarchie sembla l’emporter mais à une crise de croissance de l’Etat, à une étape importante dans la construction du royaume de France, se fonde sur quantité d’éléments : un concept de souveraineté, la règle de la succession à la Couronne singulièrement renforcée, une meilleure utilisation de l’espace du royaume et des ressources humaines, en matière fiscale et militaire, un consentement beaucoup plus intériorisé de la part des français à l’impôt à condition que son prélèvement soit raisonnable et bien réparti, d’où des ressources financières plus régulières et l’idée qu’est décidément passé le temps d’une France désarmée en période de paix ou de trêve, un roi davantage qu’aux époques précédentes reconnu chef de l’Eglise de France , un dialogue assez paisible entre lui et la majeure partie de ses “bonnes villes”, une justice souveraine rétablie dans sa souveraineté, un sentiment identitaire plus fort entre le roi et ses sujets.
En explorant la dimension politique du règne de ce roi taiseux et obstiné Philippe Contamine nous permet de saisir les pratiques du pouvoir de cette époque et les raisons qui firent naitre pour la première fois dans le royaume de France une forme de sentiment national.
Hugues DE SINGLY (CULTURE-CHRONIQUE.COM)