Brancula

Brancula, un roman-gigogne : plusieurs romans en un seul. C'est un roman d'espionnage, où l'on voit un ancien officier nazi se lancer à la recherche de fonds hitlériens, dispersés après la guerre. C'est aussi un roman picaresque, déambulation truculente dans le sillage du héros, qui nous conduit du Midi camarguais aux soirées débauchées d'une certaine haute société en Espagne. C'est un roman parisien, avec les nuits de Saint-Germain-des-Prés, les voitures de sport et la publicité obsédante.
C'est un roman d'amour heureux, puisqu'il se clôt sur des fiançailles. C'est un roman d'amour douloureux, puisque l'héroïne s'est suicidée, et que son secret est le cour mystérieux du livre. C'est encore l'histoire d'un sculpteur en difficulté, avec son art, avec la vie, avec lui-même. Roger Curel a reçu la richesse en partage : la verve, le don du langage, le coup d'oil satirique, la gravité du cour, le sens du tragique, mais aussi le sel de la dérision, et une immense tendresse.
Auteur généreux mais démiurge averti, il gouverne son livre d'une main assurée. Comme les conteurs de haute lignée, il demande, d'entrée, notre temps et notre amitié. Mais on peut, sans crainte, embarquer avec lui : il ne nous égare que pour mieux nous conduire au plus pur et plus entier plaisir de lire.