En cours de chargement...
Caractérisé par des constructions en planches édifiées sur des terrains illégalement investis, l'habitat précaire constitue un défi pour les pouvoirs publics, à Abidjan comme dans la plupart des grandes villes du tiers-monde. Cet habitat connaît une croissance soutenue sous l'effet de la croissance démographique d'une part, et des convulsions économiques d'autre part. Il attire une population diversifiée à la fois par les origines ethniques et culturelles et par les itinéraires migratoires et socio-professionnels.
Lieu de résidence, l'habitat précaire se révèle également comme un espace économique... Générateur d'un important artisanat de matériaux de construction, cet habitat accueille de nombreux artisans et commerçants qui y exercent leurs activités. Ce qui en fait des espaces fiscaux pour les collectivités locales. Sur les enjeux économiques cristallisés se greffent d'autres, de nature politique, électorale et sociale.
Depuis la fin des années 1970, cet habitat est l'objet d'une attention soutenue de la part de nombreuses institutions regroupées pour la plupart sous la bannière de la Banque Mondiale. Cette institution en appelle à son intégration dans le système urbain. Mais les options qu'elle propose se heurtent à de nombreux intérêts locaux. La population, consciente de son poids, face aux différents pouvoirs, développe mille et une pratiques pour faire légitimer le fait accompli.
L'Etat doit parfois s'incliner face aux exigences des bailleurs de fonds et les dynamiques sociales des populations. L'habitat précaire cesse d'être une vitrine de la " culture de la pauvreté ", une concentration de " ruraux déracinés " et sans culture urbaine. Il devient un lieu de négociation, de marchandage entre citadins en quête de pouvoirs et collectivités nanties de pouvoirs...