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Sous la restauration, Octave de Malivert, diplômé de l'Ecole Polytechnique, a tout pour être heureux. Il a bon esprit, une bonne situation, mais n'en demeure pas moins mélancolique. C'est qu'il n'a d'yeux que pour Armance de Zohiloff, mais, malgré un amour réciproque aussi doux que passionné, il ne peut lui dévoiler son « fatal secret » - un aveu impossible, source de son désarroi intérieur.
Paru en 1826, « Armance » est le premier roman de Stendhal.
Rédigé à la suite d'une déception amoureuse, Octave et Armance, à l'apogée de l'amour, reflètent toute la sensibilité de l'auteur, et tout le génie d'un auteur en plein épanouissement littéraire.
Stendhal (1783-1842), pseudonyme d'Henri Beyle, est un écrivain français. Il perd sa mère, et, très tôt, est confronté à un dur père. De cette jeunesse naît un sentiment de révolte, ce qui influencera sa vie et ses ouvres.
Il se passionne pour la littérature en 1799 et étudie à Paris. Mais il est forcé de rentrer au ministère de la Guerre et doit se rendre à Milan. Il perd son emploi, et se met à écrire quelques essais. Il retourne à Paris en 1821 et publie « Le Rouge et le Noir », en 1830. Affecté par la pauvreté, il retourne en Italie, et écrit « La Chartreuse de Parme », en 1839.
Romantique et énigmatique
C'est un premier roman, représentatif de l’œuvre à venir, et donc à conseiller aux jeunes lecteurs qui seraient intéressé par la lecture d'un roman appartenant du courant romantique, mais rebuté par la taille imposante de la Chartreuse de Parme ou du Rouge et le noir. Il se passe durant la Restauration et fourmille de détails historiques sur cette période, on y retrouve des thèmes typiques de l’œuvre de Stendhal, l'ambition et le mal être du personnage d'Octave, les intrigues de Salon, la force et la pureté d'un amour presque désincarné. Au niveau du style, Stendhal se cherche encore, mais pratique déjà cette ironie de la distance avec son lecteur où l'on voit le narrateur qui commente sa propre intrigue. C'est aussi un roman à clefs, un peu cryptique, mais parlant en filigrane de l'impuissance du personnage principal et donc d'amour platonique. Il aborde aussi un thème récurant : Comment l'amour peut-il résister à l'usure du temps, un amour total, dépouillé de toute désir charnel est-il possible et même souhaitable pour sa propre survie ? Comment éviter de goûter trop rapidement à ce « fruit plein de cendre amère » dont parle André Gide ? La force de l'écriture du roman est de faire silence sur le mal dont souffre Octave, cette sublimation enclose dans le désir d'écrire dévoile dans le même temps l'impossibilité d'effacer en totalité un désir qui reste là, ancré, bruissant entre chaque phrases du texte. Je me souviens aussi, pour avoir lu ce roman en pleine adolescence, y voir exprimer tous les affres dont on peut souffrir dans ce temps des métamorphoses, une certaine connivence, une complicité qui ne s'est jamais éteinte. Et cela m'a surtout donner envie de lire d'autres textes de Stendhal depuis.