Helen Ellis est l’auteur d’un roman qui fit date en 2000 sur la côte Est des Etats Unis, “Eating the Cheshire”. Née dans l’Alabama, elle est devenue depuis New Yorkaise. Joueuse confirmée de poker, elle participe chaque année à des tournois nationaux au point d’avoir un peu négligé sa carrière littéraire puisqu’elle a attendu seize ans pour nous proposer “American Housewife” un recueil de nouvelles décapant et franchement satirique que les éditions de la Martinière ont eu la bonne idée de faire traduire par Sophie Brissaud.
Les douze nouvelles laissent plus
que des regrets quant à ce silence littéraire de quinze années car Ellis plonge sa plume dans une encre au vitriol qui se joue des apparences sociales. Douze nouvelles, douze situations qui sont autant de portrait de femmes de l’Upper Side à New York, toutes guettées par la névrose, crevant de solitude mais régnant sur leur petit univers familiale en tentant de s’occuper vaille que vaille. La traductrice Sophie Brissaud a su conserver la fraîcheur du style incisif et sans concession d’une Hélène Ellis qui s’amuse visiblement à pénétrer la psychologie de ces New Yorkaises. Chaque nouvelle révèle les travers d’une société aisée, profondément urbaine et travaillée par le jeu des masques. Dès la première nouvelle “Ce que je fais de ma journée” Ellis fait feu de tout bois, grattant la croûte des apparences avec délice : “ Je fais semblant de m’intéresser au ski, au golf, à la politique, aux religions, aux collections de hiboux, aux collections de coquillages, aux fêtes de charité, aux collectes de fonds dans les école, aux smoothies verts, au come-back du grunge des années 90, à la résurgence des clubs de bridge et à la folie du ping-pong.
Je dis : “ J’ai l’haleine la plus piniot grigno du monde.”
Je dis : “ Je ne suis pas une Kennedy et je le vis très bien.”
Je dis : “ J’aimerais voir une série télé qui s’intitulerait “Fantômes bordéliques compulsifs. Comment se fait-il que ça existe pas encore.”
Le style est profondément corrosif et peint une réalité peu engageante sous le voile de la cordialité. Ces douze femmes valent le détour et révèlent une société dont l’urbanité est toute de circonstances. Quand elles racontent leurs préférences littéraires, leurs petits bobos ou qu’elles parlent de leurs maris, le lecteur savoure le sens de la formule d’une Hélène Ellis délicieusement féroce. L’un des meilleurs recueils de nouvelles de l’année.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)
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Helen Ellis est l’auteur d’un roman qui fit date en 2000 sur la côte Est des Etats Unis, “Eating the Cheshire”. Née dans l’Alabama, elle est devenue depuis New Yorkaise. Joueuse confirmée de poker, elle participe chaque année à des tournois nationaux au point d’avoir un peu négligé sa carrière littéraire puisqu’elle a attendu seize ans pour nous proposer “American Housewife” un recueil de nouvelles décapant et franchement satirique que les éditions de la Martinière ont eu la bonne idée de faire traduire par Sophie Brissaud.
Les douze nouvelles laissent plus que des regrets quant à ce silence littéraire de quinze années car Ellis plonge sa plume dans une encre au vitriol qui se joue des apparences sociales. Douze nouvelles, douze situations qui sont autant de portrait de femmes de l’Upper Side à New York, toutes guettées par la névrose, crevant de solitude mais régnant sur leur petit univers familiale en tentant de s’occuper vaille que vaille. La traductrice Sophie Brissaud a su conserver la fraîcheur du style incisif et sans concession d’une Hélène Ellis qui s’amuse visiblement à pénétrer la psychologie de ces New Yorkaises. Chaque nouvelle révèle les travers d’une société aisée, profondément urbaine et travaillée par le jeu des masques. Dès la première nouvelle “Ce que je fais de ma journée” Ellis fait feu de tout bois, grattant la croûte des apparences avec délice : “ Je fais semblant de m’intéresser au ski, au golf, à la politique, aux religions, aux collections de hiboux, aux collections de coquillages, aux fêtes de charité, aux collectes de fonds dans les école, aux smoothies verts, au come-back du grunge des années 90, à la résurgence des clubs de bridge et à la folie du ping-pong.
Je dis : “ J’ai l’haleine la plus piniot grigno du monde.”
Je dis : “ Je ne suis pas une Kennedy et je le vis très bien.”
Je dis : “ J’aimerais voir une série télé qui s’intitulerait “Fantômes bordéliques compulsifs. Comment se fait-il que ça existe pas encore.”
Le style est profondément corrosif et peint une réalité peu engageante sous le voile de la cordialité. Ces douze femmes valent le détour et révèlent une société dont l’urbanité est toute de circonstances. Quand elles racontent leurs préférences littéraires, leurs petits bobos ou qu’elles parlent de leurs maris, le lecteur savoure le sens de la formule d’une Hélène Ellis délicieusement féroce. L’un des meilleurs recueils de nouvelles de l’année.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)