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Gilles Deleuze qualifie les films d'Alain Resnais de " topologiques ". Adoptant ce point de vue, l'auteur propose une analyse précise et approfondie des trois premiers longs métrages du cinéaste, L'Année dernière à Marienbad, Hiroshima mon amour et Muriel. Le concept de topologie permet de penser des liens, l'élaboration et le fonctionnement des structures, à travers des notions mathématiques comme celles de continuité et de limite, et les positions relatives des êtres géométriques.
L'analyse topologique fait apparaître le déploiement de nappes, par glissement d'une image à l'autre, instituant un principe de coexistence spatiale et d'affrontement plutôt que de successivité. Quant à l'esthétique de Resnais, ces schèmes permettent de représenter différemment le temps, de livrer l'expérience intime, mentale, que constitue le parcours des boucles temporelles ; ainsi se justifie que les films considérés aient pu apparaître comme des tentatives radicales de rupture avec la narration traditionnelle, et le sentiment qu'ils restent d'une modernité inégalée.