Juillet 2019, à la Barberie, un éco-hameau. Le fils de Rosalie, âgé de dix ans, a disparu. Elle ne souhaite pas prévenir la police, car elle est persuadée que c’est Philippe, le père de l’enfant qui l’a enlevé. En effet, depuis leur séparation, il y a deux ans, elle ne l’a autorisé qu’une seule fois à voir Martin. Ses doutes sont confirmés par un sms que son ancien compagnon lui envoie : il ramènera leur petit, dans une semaine. Les autres habitants s’inquiètent. Et si Philippe ne tenait pas parole ? Tous ont encore en tête le motif de son départ de leur paradis. Rosalie
a-t-elle raison de penser qu’il ne fera aucun mal à son fils ?
En 2009, le couple avait rencontré Michel, sur un marché. Ce dernier avait expliqué son besoin de « Changer de vie tout en changeant le monde » (p. 36) et leur avait fait visiter son éco-hameau. Séduits par cette vie en communauté, loin de la société de consommation, Rosalie et Philippe avaient emménagé, alors que Martin avait six mois. Ensuite, d’autres familles les avaient rejoints, apportant leurs compétences dans ce microcosme bienveillant. Dans la première partie, l’auteure présente les habitants et les raisons de leur choix de tout quitter pour vivre au plus près de la nature. A pas de loup, cet animal qui divise les protecteurs de la faune et les éleveurs, elle montre les failles de cette vie idyllique.
Le récit est une alternance du présent et du passé. Certains évènements ne semblent pas liés aux autres, mais le puzzle se reconstitue à la fin. Pour les faits actuels, les jours sont décomptés à partir de l’enlèvement du petit Martin. Au fil des pages, la peur se déplace. Les interrogations se multiplient au sujet des intentions de Philippe et sur la cause de son bannissement, mais aussi à propos de la Barberie. Et de retournements en surprises, nous comprenons qu’une phrase rapportée hors contexte, sans le début et la fin du propos ou encore, un acte sans ce qui précède ou suit, induisent des certitudes erronées et même entièrement contraires à la réalité. Nous prenons conscience que le pouvoir peut écorner les intentions louables, les volontés peuvent basculer sans que cela soit perçu. Les éléments, qui conduisent au drame, se sont amoncelés sans que personne ne les devine, les grains de sable sont devenus une dune. Mais il est déjà trop tard…
A pas de loup est un huis clos qui commence de manière douce et qui, ensuite, dérive vers la tragédie. Le début ressemble à une ode à la nature, mais la conclusion montre le pire de l’humain. Les premiers chapitres laissent présager une course contre la montre, mais c’est oublier le danger qui n’est pas toujours visible. Certaines personnes savent manipuler les apparences… et le lecteur. En effet, la vérité est différente de ce que j’avais imaginé. Par la voix d’un personnage fascinant, Isabelle Villain m’a emmenée où elle le désirait. L’enlèvement de Martin a été le catalyseur des révélations. Le rythme lent et bucolique du début m’a aussi trompée et endormie : méfiez-vous de ce qui est caché.
Excellent thriller psychologique.
Un petit thriller qui a tout d’un grand.
En commençant À Pas de Loup, je ne m’attendais à un thriller de ce niveau.
Taurnada m’a habituée à de très bonnes parutions, et Isabelle Villain est connue pour écrire des polars prenants et adroits. Mais j’avoue que là, elle est parvenue à me surprendre encore plus agréable que prévu.
Je préviens tout de suite, il ne s’agit pas du tout d’un polar cette fois-ci, mais bien d’un thriller psychologique.
Et, sincèrement, j’espère que l’auteure va continuer dans ce genre, parce qu’elle y est très efficace.
Elle met en place ici une ambiance qui monte crescendo et qui ne se dément à aucun moment.
Perdu dans ce petit éco-hameau quasi autonome, le lecteur sent l’atmosphère s’alourdir de page en page. Il y a clairement quelque chose qui cloche au pays du bonheur, mais quoi ?
Les personnages sont approfondis et tortueux à souhait.
Si certains nous sont rapidement sympathiques, d’autres parviennent à créer chez le lecteur une sorte de malaise diffus durant leur évolution.
Y a t-il un démon cache au Paradis ?
Le rythme est impeccable, que ce soit au niveau de l’action ou de l’évolution psychologique des protagonistes, et une fois commencé vous n’aurez plus aucune envie de le reposer.
On sent dès les premières pages que les événements vont dégénérer. On a quasiment le doigt dessus, sans parvenir pourtant à le voir clairement.
Mais, rassurez-vous, quand ça se produira, vous le sentirez passer !
Parentalité, écologie, manipulation et conviction sincère sont au cœur de ce roman. Mais si les thèmes sont variés, ils le sont sans excès, afin de pouvoir se concentrer entièrement sur l’intrigue que l’auteure nous offre.
Vous n’avez donc aucune raison de ne pas emménager provisoirement à La Barberie. Il n’y a aucun doute sur le fait que ce petit séjour vous restera longtemps en mémoire.
Et en plus d’être furieusement dans l’air du temps, ce très bon thriller psychologique est à un prix mini !
En bref, que de bonnes raisons de vous le procurer très très vite, pour vous régaler avec !