Jacques Boulas

Il est fâcheux pour les pardons de Bretagne que le refrain de La Paimpolaise, qui est très abusivement devenu, aux quatre coins du monde, le leitmotiv de notre chère province, leur ait donné sa caution geignarde. Du coup, les voilà marqués au sceau du pittoresque officiel. Demandez la vieille Armorique! Avec tous ses costumes ! Au Paris by night répondrait la Brittany by pardon... Mais, comme les calvaires, qui leur sont associés dans les slogans des affiches touristiques, les pardons de Bretagne veulent être tout autre chose qu’un simple trait, plus ou moins séduisant, de folklore.
Ils portent leur pleine charge de religion et d’art. Ils appartiennent à la dynamique d’une foi qui ne dédaigne pas, pour s’élever très haut, de s’enraciner naïvement dans une terre perdue. Ces Grandes Manœuvres de l’Eglise vivante des hameaux, des villages, des villes, les définir comme des fêtes patronales et les comparer aux kermesses du Nord n’est pas assez. [...] Dans la marche des cierges, des bannières, des cantiques, c’est tout le monde qui vient se ressourcer en esprit de nostalgie et de «patience».
Cette fête n’est pas d’une caste ni d’une classe, et l’Eglise qui en règle le cours n’a pas de toit ni de murailles - il faut, dans le plein air de Dieu, à la suite de tous les ancêtres, que la communauté entière y participe... (extrait, introduction, éd. originale de 1962). - Avant-propos d’Eric Auphan, président de l’Association des Amis d’Henri Queffélec.