Hélène Vecchiali

" Déconstruire les hommes " est devenu un objectif qui soulève une question : comment déconstruire ce qui n'est pas construit ? Un homme violent, alcoolique, drogué, dominateur, harcelant, assassinant... n'est bien sûr pas un homme " construit ". Ainsi donc, vouloir démanteler ces hommes inachevés confine au non-sens et, par là même, à l'inefficacité. On peut pourtant comprendre que les femmes, dépitées et excédées par leurs médiocres résultats en termes d'égalité, décident aujourd'hui de s'attaquer directement à la racine du mal (mâle ?), à l'identité masculine dans le but de la modifier.
Ce n'est pas pourtant pas une bonne solution. Entre obéir collectivement aux ordres insensés du patriarcat, comme un fils, ou obéir, à présent collectivement aux ordres compréhensibles du matriarcat, comme un fils encore, il existe une troisième voie individuelle : devenir un homme, mais un " homme initié ". Cette solution créative permet d'abord de sortir de la paralysie imposée par cette double contrainte, devoir être super-viril et devoir être sous-viril.
D'autre part, cette solution étant individuelle, elle a plus de chances d'aboutir, les hommes ne pouvant plus se cacher lâchement derrière la collectivité, le patriarcat : lorsque tous sont responsables, personne ne l'est ! Enfin, cette initiation individuelle ne peut plus être perçue comme une annihilation de son masculin, mais comme une opportunité de croissance. Par quoi passe cette initiation ? Par deux meurtres symboliques celui de son père et celui de sa mère...