En cours de chargement...
Epopée romanesque d'une incroyable intensité, chronique poignante de l'amitié masculine contemporaine, Une vie comme les autres interroge de manière saisissante nos dispositions à l'empathie et l'endurance de chacun à la souffrance, la sienne propre comme celle d'autrui. On y suit sur quelques dizaines d'années quatre amis de fac venus conquérir New York. Willem, l'acteur à la beauté ravageuse et ami indéfectible, JB, l'artiste peintre aussi ambitieux et talentueux qu'il peut être cruel, Malcolm, l'architecte qui attend son heure dans un prestigieux cabinet new-yorkais, et surtout Jude, le plus mystérieux d'entre eux.
Au fil des années, il s'affirme comme le soleil noir de leur quatuor, celui autour duquel les relations s'approfondissent et se compliquent, cependant que leurs vies professionnelles et sociales prennent de l'ampleur.
Éprouvant mais magnifique !
Avec Une vie comme les autres, nous allons suivre quatre personnages : JB, Malcolm, Willem et Jude. Ils ont partagés la même chambre à l'université, ce qui a tissés entre eux des liens indéfectibles malgré leurs caractères très différents. JB est souvent cynique ; Malcolm est un homme complexé ; Willem est doux et bienveillant ; et Jude est une énigme absolue. A la fin de leurs études, ils se retrouvent tous à New York, et empruntent des voies différentes. JB devient peintre, Willem acteur, Malcolm est architecte et Jude avocat. Des vies différentes, des métiers différents... Mais les quatre hommes restent – plus ou moins – soudés pendant quatre décennies. Nous allons ainsi les suivre pendant ces années, les regardant grandir, évolué et vivre.
De fil en aiguille, Une vie comme les autres va se concentrer sur Jude, le personnage central de l'histoire, et autour duquel tout le monde finit par graviter. C'est un homme profondément blessé, aussi bien de corps que d'esprit, très renfermé, et qui ne s'ouvre pratiquement jamais. Il faut du temps, que ce soit pour ses proches que pour les lecteurs, de découvrir les secrets bien gardés de Jude. C'est un personnage tellement brisé qu'il n'a pas confiance en le monde qui l'entoure, et est incapable de croire que ses amis l'apprécie vraiment, que son père adoptif continuera de l'aimer même après avoir entendu toute l'histoire de sa vie... Jude fait parti de ces personnages que j'ai à la fois envie de secouer comme un prunier et de l'engueuler en lui disant d'ouvrir les yeux et de voir l'amour qui lui porte ses proches ; mais j'ai aussi envie de le prendre dans mes bras, le serrer très fort et lui dire que tout va s'arranger. Très complexe, torturé, il est profond, intéressant, et tellement fascinant ! Il a subi des horreurs sans nom, ce qui l'a rendu profondément défaitiste, brisé... Mais malgré tout les coups durs subi, il tente tant bien que mal de se relever et de continuer à avancer, soutenu notamment par Willem et Harold. Ce qu'a vécu Jude lui a laissé de profondes cicatrices, il se hait et se méprise lui-même, ne pense pas mériter le bonheur, et a toujours l'impression de déranger son entourage. Mais ces blessures, cette sensibilité, font de lui un personnage extrêmement juste et touchant. Sa relation avec les autres personnages est incroyablement forte et bouleversante, particulièrement avec Harold, son père adoptif, et avec Willem, son meilleur ami. La relation entre ces trois personnages est absolument étonnante et merveilleuse, c'est un très beau cadeau que la vie a fait à Jude. Le fait d'avoir pu rencontrer ces deux personnes, le fait de faire parti de leur vie lui a permis, malgré tout, de s'accrocher et de commencer – très doucement – à faire confiance.
Une vie comme les autres, c'est un beau pavé de 800 pages, et c'est un livre qui ne se lit pas « aisément » : il est dense, vraiment lourd et prenant psychologiquement, très dur aussi... On ne peut qu'être troublé et ému face à cette lecture, qui ne peut pas laisser indifférent ! C'est un livre sur l'amour, l'amitié, mais aussi sur la méchanceté et le mal, bref sur l'être humain dans tout ce qu'il peut avoir de bon et de mauvais. Je conseille la lecture de ce livre pendant un week-end ou des vacances, ou d'être en tout cas à 100 % dans la lecture : car ce serrait tellement dommage de passer à côté, et ce n'est pas une lecture de métro. Il faut y être entièrement, sans rien pour nous déranger. C'est une lecture très dure, très souvent éprouvante pour les nerfs, mais qui recèle malgré tout des moments de bien-être, d'apaisement et du positif. Un peu comme un rayon de soleil entre deux nuages, il faut reconnaître le bonheur lorsqu'il pointe son nez
Un livre magnifique, vibrant, que je conseille absolument !