« Romy aura toujours neuf ans. » Il y a toujours un âge, de nos enfances, de nos adolescences, où tout s'écrit, où tout se joue.
Romy avait neuf ans quand France est entrée dans sa vie, et dans son corps. Voisine, toujours prête à la garder, quand ses parents, père militaire et mère malade, souvent absents, ne sont pas là. C'est une relation ambiguë qui se noue entre elles, l'adulte et l'enfante, faite de murmures et de violences, de souffles courts et de plaisirs insoupçonnés, derrière les portes fermées. Enfin quelqu'un l'aime, et le lui dit, et le lui montre : mais chut,
il faut se taire. France l'aime, à la détruire.
De ses neuf à ses dix-neuf ans, Romy se construit, se reconstruit. Son corps se forme, et se déforme, sous nos yeux et la plume décapante de Joffrine Donnadieu. Un premier roman, dérangeant, d'une force inouïe.
L’ambiguïté du désir
Rares sont les livres qui exigent autant de son lecteur, faisant à ses sentiments les plus primaires, du dégoût à la compassion en passant par le désarroi.
Loin de la fiction romanesque, Joffrine DONNADIEU offre un éclairage froid, chirurgical d'une vie broyée pour laquelle la découverte du plaisir sexuel est indissociable de la contrainte et du dégoût d'acte subi.
Un style brillant qu'il convient d'aborder avec précaution