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Au tournant du XXe siècle, l'Indochine est dotée par la France de trois Théâtres municipaux inaugurés à Saigon, à Hanoi et à Haiphong, hauts lieux de la culture française. Cette découverte du théâtre occidental parlé entraîne au Vietnam de profonds bouleversements dans la création traditionnelle. La première traduction en écriture romanisée quôcngù d'une pièce française, Le Malade imaginaire, de Molière, marque un tournant historique et donne naissance en 1921 à la première pièce de théâtre parlé vietnamien, La Tasse de poison, par Vû Dînh Long.
Les intellectuels vietnamiens voient dans le théâtre en quôc ngir, langue dont le développement est encouragé par le colonisateur, un moyen de s'émanciper de l'héritage chinois et de s'affirmer face à la domination coloniale. Cet ouvrage, dont le fil directeur montre comment paradoxalement l'assimilation de la culture du colonisateur contribue à la fondation d'un Etat indépendant et moderne, envisage les trois volets de la réception du théâtre français par le biais de la presse et des revues, de sa traduction et de son adaptation, enfin des pratiques théâtrales croisées jusqu'à nos jours.
Celles-ci ont donné lieu à une création métissée où les deux traditions théâtrales, dans leur respect mutuel, s'enrichissent de leur contact séculaire, tant sur le sol français qu'au Vietnam.