Une adolescente, victime de son innocence (et de ses mensonges), se retrouve malgré elle seule,perdue dans New-York.
Les romans d’Eric Pessan ont la particularité d’être courts, prenants, et souvent en prise avec l’actualité.
La domination masculine, le harcèlement, le consentement, la honte, autant de thèmes abordés dans celui-ci, texte fort, intense, vrai, et cependant plein de délicatesse, de la part d’un auteur qui est père de famille, ce qui contribue je pense, à l’épaisseur psychologique de son héroïne et à son évolution.
Tous les personnages, d’ailleurs, sont
« fouillés », et font intimement partie du récit, ils aident à l’élaboration du contexte et de LA question : comment Lalie en est-elle arrivée là ?
La narration au présent, les phrases et les chapitres courts se lisent d’une traite ce qui intensifie le réalisme et la violence des faits, ainsi que du ressenti de cette adolescente perdue.
Ce livre est utile, comme le sont les cris de révolte en général, pour dénoncer les paroles, gestes déplacés agressions diverses, physiques ou verbales, subies quotidiennement par tant de jeunes filles ou femmes sans défense, qui se murent dans un silence dévastateur.
Remarquable
Quelle claque! J'avais déjà eu un coup de coeur pour un roman de cet auteur (Dans la forêt de Hokkaido), et décidément j'aime beaucoup ce qu'il écrit!
Cette fois-ci, pas vraiment de suspense ou d'élément fantastique, nous sommes bel et bien (malheureusement?) dans le monde réel.
Lalie a 16 ans, a été élevée seule par sa mère dans des conditions très modestes et rêve de voyager, alors quand son camarade Piotr lui propose de partir à New York accompagnés de sa mère à lui, elle saute sur l'occasion.
Ce que Lalie n'avait pas prévu, c'est que la mère de Piotr les laisserait seuls tous les deux et qu'il en profiterait pour l'agresser.
C'est fou comme un tout petit roman comme celui-ci peut frapper juste et laisser une vive impression.
J'ai été franchement étonnée et agréablement surprise qu'un homme puisse donner vie au personnage de Lalie tant ses propos criants de vérité feront écho au vécu de 100% des femmes. (Vous me direz c'est bien ça, le problème, de s'étonner qu'un homme puisse être décent).
J'ai aussi apprécié le fait que New York ne soit pas juste une toile de fond mais qu'on se sente vraiment dans ses rues et que l'on en voit différents quartiers, et pas uniquement les plus photogéniques!
Un roman dont je me souviendrai longtemps et qu'on devrait donner à lire à l'école!!