Elie Martins est garde nature dans le Vercors, lorsqu’il découvre une femme pendue à un arbre. Il a la sensation qu’un message lui est adressé, mais il ne sait pas lequel. En effet, il est amnésique depuis qu’il a survécu à une blessure par balle, dans la tête, il y a douze ans. Tous ses souvenirs, précédant sa survie miraculeuse, ont été effacés. Il a démarré une nouvelle vie au sein de la montagne qui l’a accepté. Aucun de ses confrères ne connaît son histoire : ni le Chef Reda, un Algérien qui a adopté la culture et les croyances indiennes, ni Jacques qui ne voit
qu’en couleurs, ni Piotr, un Ukrainien qui a fui la guerre.
Nina est chargée de l’enquête. Elle a quitté la brigade des stups de Paris. Elle, elle n’a rien oublié du drame qui l’a fait partir et il lui est difficile de vivre avec ce poids. En raison du manque d’effectifs, elle se rend seule sur la scène du crime. Elle est attendue par Elie et par son chef. Ils vont la guider à travers la montagne, car il est impossible de rallier « l’arbre taillé » autrement qu’en raquettes. Sur le corps de la victime, elle découvre une inscription taillée sur la peau. C’est du grec. Elie ne dit rien, mais cette mutilation ravive des plaies. Il ne le révèle pas à Nina, il sait qu’il représente suffisamment le coupable idéal. Lui-même doute…
La blancheur de la montagne est ternie par le rouge du sang, tandis que les meurtres s’enchaînent. Alors qu’une tempête sévit, l’étendue de neige se resserre autour de Nina. Souvent seule pour mener ses investigations, le danger l’enserre. Chaque entrevue en tête en tête est risquée. En effet, tous les personnages m’ont fait peur, même les plus insoupçonnables que ce soit par leur personnalité ou leur fonction. L’atmosphère est si oppressante que j’ai été effrayée par les risques pris par l’inspectrice. Son enquête la mène dans des lieux isolés, sans réseau. Le froid glace et la couleur indigo de la mort rôde…
Cependant, certains personnages possèdent un lien très fort avec les éléments. Leur philosophie interpelle, par sa considération pour toute vie, humaine ou animale. Ils expriment un respect pour les silences de ceux qui ne parlent pas et ne jugent que les actes. L’homme doit s’intégrer dans le milieu naturel, c’est à lui de s’adapter et non l’inverse. J’ai été éblouie par certaines descriptions et subjuguée par des passages avec des animaux sauvages. Mais l’homme est un loup pour l’homme… L’ambiance mystérieuse et angoissante de Solitudes ne manquera pas de vous le rappeler. La mémoire, justement : elle conserve les souvenirs, les bons comme les pires.
J’ai adoré Solitudes, qui devient mon livre préféré de Niko Tackian. La noirceur de l’humain s’oppose à la blancheur de la neige, l’étendue des paysages affronte le huis clos des dangers, et ces contrastes créent un suspense magnétisant.
Traquer le philosophe
Je suis presque dans le local avec cette intrigue. Vivant tout proche du Vercors et très prochainement de nouveau dans la capitale des Alpes : Grenoble, c’est donc une écoute Loca-audiovore lol
Le fait que nous soyons en juin ne réchauffe pas pour autant le sujet. Brrrrrrr Comme Nina Mellinsky, je ne suis pas fan du grand froid, de la neige, glace et autre de manière générale. C’est joli en photo. A vivre, c’est un peu différent. Et c’est encore plus vrai quand on s’enfonce dans le cœur des montagnes. Faut être prêt pour ça et on ne l’est pas tous.
J’avoue que je ne connaissais pas cet auteur avant cette écoute et pourtant après avoir regardé un peu, il n’en n’est pas à son coup d’essai en matière de roman. Ce one shot (écrit durant le premier confinement et donc dans des conditions forcément un peu particulières) était certainement une excellente porte d’entrée dans son univers.
Le texte est magnifiquement mis en valeur par la diction et le timbre de voix de François Hatt dans cette version audio.
J’ai particulièrement apprécié que chaque personnage, même ceux qui tiennent les seconds rôles avaient une sacrée épaisseur. Du coup la lecture ou plutôt l’écoute de ce roman est riche car les décors ne sont pas bâclés non plus. Tout est dans le détail, mais jamais gratuit. L’ambiance générale est lourde, parfois oppressante, tendue presque à chaque instant. Il y a une toile qui masque la vérité et la déchirer sera tout sauf un parcours de santé. Il faudra remonter loin…
L’intrigue est très bien construite avec un sens du suspens excellent. On est en haleine et même si on essaie d’anticiper, ce n’est pas évident car l’auteur a bien verrouiller son scénario. Très appréciable en réalité.
Je ne serai pas contre retrouver Nina Mellinsky dans d’autres aventures. Son passé à l’air très dense et son avenir est disons plein d’incertitude donc d’aventures potentielles… Mais en attendant, je vais peut-être tout simplement me pencher sur les autres ouvrages déjà parus de l’auteur.