Il s'agit ici des seuils du texte littéraire, qu'on nommera aussi, d'un terme plus technique, le paratexte : présentation éditoriale, nom de l'auteur, titres, dédicaces, épigraphes, préfaces, notes, interviews et entretiens, confidences plus ou moins calculées, et autres avertissements en quatrième page de couverture.
Car les œuvres littéraires, au moins depuis l'invention du livre, ne se présentent jamais en société sous la forme d'un texte nu : elles l'entourent d'un appareil qui le complète et le protège, en imposant au public un mode d'emploi et une interprétation conforme au dessein de l'auteur. Comme la fameuse lettre volée, cet appareil est souvent trop visible pour être perçu, et il agit en partie à l'insu de son destinataire. Et pourtant, l'enjeu en est souvent considérable : ainsi, comment lirions-nous l' " Ulysse " de Joyce s'il ne s'intitulait pas " Ulysse " ?
Cette étude, la première consacrée à l'ensemble d'une pratique si importante dans les mœurs et les institutions de la République des Lettres, se veut à la fois une introduction, et une initiation à considérer de plus près ce qui, si souvent, règle en sous main nos lectures. Un slogan simple la résume et l'inspire : Attention au paratexte !