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Commenter une oeuvre d'art est paradoxalement nécessaire et impossible. Nécessaire car il faut parler. Impossible, car toute parole rompt le silence de l'oeuvre et lui subsitue le vacarme du concept. Tout commentateur est condamné à la contradiction d'une parole qui quitte l'oeuvre et qui pourtant lui reste connivente. L'auteur du présent essai s'efforce de rejoindre le lieu propre de l'image picturale magrittienne.
Trois sources d'inspiration l'ont guidé dans ce travail. D'abord, l'image elle-même, dans sa dimension poétique, production de visibilité pensée et qui sollicite un voir épuré de tout regard. Ensuite, les Ecrits du peintre, qui témoignent d'une rare lucidité. Enfin, la pensée d'un propos des raisons culturelles qui le spécifient. Néanmoins, l'image ici reste primordiale. L'auteur analyse une centaine de tableaux, laissant ceux-ci à la fois alimenter son propos et l'illustrer.
L'objet du propos est l'invisible que l'image magrittienne rend visible. Ou encore le visible imagé dans son exclusive justesse pensée. L'intention du propos est une parole qui ne désespère pas de se taire en parlant, de dire l'oeuvre tout en laissant la " parole " à l'image. L'auteur espère ainsi contribuer à une compréhension épurée de l'esthétique magrittienne. A l'opposé des tendances sémantisantes, qui inclinent à réduire l'image au document représentatif ou illustratif, l'auteur s'efforce de rejoindre la conception magrittienne d'une image auto-fondée, qui, sans rien cacher, montre tout ce qu'elle montre et rien que ce qu'elle montre.