J’avais beaucoup apprécié ma lecture du Soleil des Scorta et donc assez envie de découvrir un autre titre de l’auteur. Les matchs de la rentrée littéraire de Price Minister m’ont offert cette occasion avec Pour seul cortège. J'avoue ne pas avoir particulièrement lu la 4e de couverture avant de me plonger dedans.
Ce qui surprend toujours quand on ouvre un livre de Gaudé, c'est le style, qui ne ressemble à rien d'autre. J'avais eu la même sensation dans ma précédente lecture d'un vrai souffle épique, comme le dit la 4e de couv' à juste titre cette fois. Gaudé a indéniablement
une plume, une maîtrise du verbe et de la phrase. Pourtant, à feuilleter comme ça le livre, on pourrait être rebuté : un petit aspect "gros pavé sans paragraphe, à la Proust" qui inquiète. Mais Gaudé sait utiliser magnifiquement le style indirect libre dans la narration. Et il emporte le lecteur, aussi réticent qu'il soit.
Plusieurs voix s'emmêlent, ce qui est assez déstabilisant à l'entrée du roman : celle d'Alexandre, au début ; celle de Dryptéis, femme de son ami Hephaistion, qui le suivra jusqu'à la mort ; celle des différents généraux qui s'entredéchirent à sa mort, sans attendre la fin des funérailles. La polyphonie, une fois qu'on si habitue, est créatrice d'émotions et possède une grande puissance évocatrice de la nature humaine profonde.
Une vraie opposition se construit dans le récit entre l'empire qui assiste aux derniers jours d'Alexandre, le long cortège digne d'hommes qui défile à son chevet et celui des pleureuses qui va s'étioler rapidement sur le chemin vers sa Grèce natale, confronté aux ambitions humaines, ne pouvant compter que sur quelques irréductibles pour le mener là où il souhaite être réellement, en accord avec ce qu'il a été toute sa vie : un homme de décision, de courage, téméraire, un homme curieux et avide de découverte. De même, la seule voix féminine du roman, celle de Dryptéis, digne, même dans la douleur, adoucit passablement cette orgie de sang et de soif de pouvoir, comme une bulle d'espoir pour le monde à venir.
Quant à l'histoire elle-même me direz-vous ? C'est peut être là que ça pêche. Alexandre le Grand est un monstre mythique auquel il faut oser s'attaquer. Ma curiosité aura été suffisamment piquée pour que je me plonge sur Internet pour faire quelques recherches sur ce grand homme. Mais que retirer de cette lecture ? Je ne sais pas pas trop. J'ai plus l'impression d'avoir lu un poème sur une grande figure de l'Histoire . Des confins de l'Asie jusqu'à la Grèce, en passant par l’Égypte, c'est un véritable voyage onirique qui nous est proposé. On adhère ou pas, je pense qu'il n'y a pas de demi-mesure.
http://nourrituresentoutgenre.blogspot.fr/2012/11/pour-seul-cortege-laurent-gaude.html
Quelle fin!
Ce roman de Laurent Gaudé, comme la plupart de ses textes, est merveilleusement bien écrit, on s'y croirait! Ici l'auteur nous raconte la mort d'Alexandre le Grand et des luttes intestines que vont se livrer ses anciens compagnons de conquête. Mais même après sa mort , le grand héros est encore présent et va guider Dryptéis, la fille de Darius afin de finir comme il l'a voulu, libre dans un territoire qu'il n'a pas conquis de son vivant. c'est beau, onirique et on dévore cette histoire très vite! Brillant.