Nouvelles en trois lignes et autres textes courts

Félix Fénéon (1861-1944) est passé à la postérité comme le modèle de l'intelligence critique et le précurseur de la modernité : " un homme des plus intelligents que j'aie rencontré ", dit de lui Paul Valéry, et Stéphane Mallarmé de surenchérir : " Un des critiques les plus subtils et les plus aigus que nous ayons. " C'est peut-être dans ses Nouvelles en trois lignes que l'originalité radicale de Fénéon brille du plus vif éclat. Conjuguant avec une délicate ironie la rigueur formelle des grands moralistes et l'esprit de subversion, Fénéon propose une réécriture savante, stylisée, insolite et insolente des plus mornes " faits divers ". Les injustices, les misères et les tares d'une époque qui lui fut à la fois l'âge d'or de la bourgeoisie et celui de l'anarchisme, revêtent l'apparence de proverbes, de dictons ou d'aphorismes, de maximes ou d'anecdotes. L'esprit de Fénéon excelle à discerner les liens éternels mais toujours inattendus de " l'amour et du commerce, du cambriolage et de la course à pied " (Jean Paulhan) pour notre plus grand bonheur car il possède également au suprême degré le don du rire.