Dans l'avis qu'il adresse à son lecteur, " ce premier de mars mille cinq cent quatre-vingts ", au seuil de la première édition de ses Essais, Montaigne affirme d'emblée la singularité de son entreprise : " Je suis moi-même la matière de mon livre. " Au fil des éditions successives qui, de 1580 à 1595, allongent un livre infini, la nouveauté et la radicalité de ce geste littéraire s'imposent, au risque de la vanité et de l'impudeur, avec de plus en plus de force. Mais davantage qu'un autoportrait, c'est une pensée ouverte et mobile que le lecteur des Essais est invité à découvrir ; une pensée qui ne cesse, contre tout repos dogmatique, de se mettre à l'épreuve d'un moi et d'un monde chaotiques. Première éditrice du livre de Montaigne, Marie de Gournay disait de lui qu'il " désenseignait la sottise ". Elle avait tout dit.
Dans l'avis qu'il adresse à son lecteur, " ce premier de mars mille cinq cent quatre-vingts ", au seuil de la première édition de ses Essais, Montaigne affirme d'emblée la singularité de son entreprise : " Je suis moi-même la matière de mon livre. " Au fil des éditions successives qui, de 1580 à 1595, allongent un livre infini, la nouveauté et la radicalité de ce geste littéraire s'imposent, au risque de la vanité et de l'impudeur, avec de plus en plus de force. Mais davantage qu'un autoportrait, c'est une pensée ouverte et mobile que le lecteur des Essais est invité à découvrir ; une pensée qui ne cesse, contre tout repos dogmatique, de se mettre à l'épreuve d'un moi et d'un monde chaotiques. Première éditrice du livre de Montaigne, Marie de Gournay disait de lui qu'il " désenseignait la sottise ". Elle avait tout dit.
