Moi, Orson Welles

" C'était un homme excessivement courageux et tout à la fois dangereusement sensible et vulnérable, de manière bien plus douloureuse que son apparence autoritaire et sa personnalité exubérante ne le laissaient penser, écrit d'Orson Welles Peter Bogdanovich. Les deux hommes se sont rencontrés en 1968. Bogdanovich, critique averti, faisait ses débuts de réalisateur. Welles venait de tourner un de ses derniers films, Une histoire immortelle. Leurs entretiens se sont poursuivis pendant plusieurs années. Les voici réunis dans ce livre touffu, hirsute, débordant. C'est comme si un considérable monument descendait de son piédestal pour se donner de l'exercice. On voit Welles se feuilleter lui-même avec désinvolture, s'ébrouer en faisant voler la poussière des commentaires et les paillettes de la légende. Salubre promenade d'ogre, magnifique et négligé, parcourant à grandes enjambées Hollywood et Shakespeare, accordant ici et là un regard expéditif à la société, à la politique, à la mafia, à la drogue. "En toute circonstance, il reste un artiste" disait de lui Renoir. C'est ce qu'on aime sentir à travers ses déceptions, ses indifférences, ses mépris ou ses enthousiasmes... "