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De la fin du XVIe siècle et jusque dans la première moitié du XIXe siècle, l'essor de la sidérurgie provoque une véritable ruée vers les sites miniers. La Franche-Comté est alors l'une des provinces les plus prospères pour la production de fonte. La richesse de ses ressources minières et leur répartition constituent des facteurs déterminants du développement d'une industrie extractive florissante.
Les minerais de fer pisolithique ou en grains, de loin les plus abondants, se concentrent dans les -- limons ou les argiles qui recouvrent sur de vastes étendues les plateaux et les plaines de Saône. Pour extraire les précieux grains piégés dans une gangue argileuse, les maîtres de forges et les ingénieurs des Mines vont mettre au point des procédés de lavage ingénieux pour l'obtention d'une "mine claire" ; cette expression désignait autrefois le minerai lavé - ou "mine nette" - prêt à être dirigé vers le haut fourneau, un produit valorisé au terme d'innovations parfois complexes comme le "patouillet", machine à laver les minerais, symbole de cette activité.
Les premiers lavoirs utilisaient le fond des dépressions remplies par les eaux pluviales ou de ruissellement. Au fur et à mesure de leur éloignement des gîtes, les ateliers deviennent plus étendus et structurés. Ils s'organisent à partir des bassins versants et se déploient dans le paysage. D'abord limitées et concentrées sur le lieu même de l'extraction, les unités de lavage ont bénéficié d'innovations liées à la maîtrise de l'hydraulique et se sont progressivement implantées sur le cours principal des rivières, voire dans l'enceinte même des usines métallurgiques.
Cet ouvrage rend compte d'un programme inédit de recherche en Histoire des Techniques. Prospections au sol, relevés topographiques, études géophysique et sédimentaire ont été complétés par un dépouillement détaillé des archives. Une première partie traite de l'histoire des techniques minéralurgiques à travers les sources et le résultat des recherches archéologiques les plus récentes de manière diachronique depuis la Protohistoire.
Points de captage, réseaux hydrauliques, réservoirs, aires de lavage, espaces de stockage des minerais, zones de rejets des déchets et d'épuration des eaux issues du lavage ont contribué à modeler en profondeur les paysages de leurs empreintes. L'étude des traces permet de cerner l'ampleur et la diversité des techniques mises en oeuvre et de percevoir l'évolution des systèmes, leur adaptation au contexte hydrologique et géomorphologique.
Cette activité reste indissociable du rythme des saisons : l'hiver à la mine et aux lavoirs, l'été aux champs. Le travail à la mine, aux lavoirs ou à l'usine reste tributaire du cycle des saisons dans un monde dominé par les communautés rurales. Loin d'être une activité annexe, le traitement des minerais constituait une véritable industrie. A travers l'étude de sites représentatifs, cette recherche fondée sur une démarche originale, ouvre des perspectives novatrices sur la connaissance des paysages livrés à une industrie minière séculaire.
Comment expliquer la formation de certains paysages et comment y déceler la trace des activités minières ? Pour tenter de répondre à ces questions, l'archéologie est amenée à enquêter sur les traces les plus infimes abandonnées au cours des principales opérations de traitement des minerais. Docteur en Sciences pour l'Ingénieur spécialités (Histoire des Sciences, des Techniques et Archéologie), Hélène Morin-Hamon est chercheur associée au laboratoire CNRS TRACES (UMR 5608).
Ses travaux portent sur les hommes, les machines et les techniques de préparation du minerai à l'origine du développement de la sidérurgie moderne. Elle est l'auteur d'une thèse sur le traitement des minerais de fer dans le Nord Franche-Comté soutenue en 2003.