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Fils d'une famille patricienne de Zurich, celui qui a écrit ce livre sous un pseudonyme fut ce qu'on appelle un enfant bien élevé. Dans la somptueuse villa, au bord du lac, régnait l'entente parfaite. Un certain ennui aussi, qui tient à la bienséance. Non sans humour, Zorn nous décrit les petits travers de ses parents. Humour ? Le mot est faible. Disons plutôt une noire ironie, celle du jeune homme qui, découvrant qu'il est atteint du cancer, pense aussitôt : naturellement.
Jamais les contraintes et les tabous qui pèsent, aujourd'hui encore, sur les esprits soi-disant libres n'ont été analysés avec une telle pénétration ; jamais la fragilité de la personne, le rapport, toujours précaire et menacé, entre le corps et l'âme, qu'escamote souvent l'usage commode du terme " psychosomatique ", n'a été décrite avec une telle lucidité, dans une écriture volontairement neutre, par celui qui constate ici, très simplement, qu'il a été " éduqué à mort ".
Il avait trente-deux ans.
Un roman culte à redécouvrir
Paru en France pour la première fois dans les années 80, le récit de Fritz Zorn, aujourd'hui bien oublié en France, a été un choc de lecture pour de nombreux lecteurs. L'auteur se livre à une auto-analyse sans concession et à une critique radicale de son éducation bourgeoise. Si la colère est bien présente dans le livre, l'humour a aussi sa place malgré le tragique de la destinée de l'auteur.