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Espace privilégié d'échanges et de circulation, la Méditerranée médiévale est un théâtre de rencontres entre chrétiens d'Orient et d'Occident. Celles-ci constituent un moyen de transmission des savoirs et des connaissances, elles contribuent à façonner de nouvelles représentations tant sur le plan de l'histoire que sur le plan des espaces ou de l'ecclésiologie. Les conditions de production de textes historiques, leur circulation, leurs usages et l'autorité qui leur est conférée permettent alors d'examiner comment Latins, Grecs et Orientaux tiennent compte de l'altérité interne ou externe à la chrétienté dans leur définition de la chrétienté elle-même : comment intégrer l'Autre dans l'histoire de celle-ci, dont il est voulu qu'elle soit un ensemble cohérent ? Comment, entre Occident et Orient, l'histoire s'écrit-elle ? Que révèle-t-elle de la circulation des textes, des idées et des représentations entre les deux rives de la Méditerranée ? Comment, par qui et à quelles fins l'histoire ainsi construite est-elle utilisée ? La quête des origines, le plus souvent destinée à fonder une autorité, peut ainsi être mise au service tantôt d'une réflexion critique sur la situation présente, tantôt d'une stratégie de légitimation d'une entreprise à venir.
Centré sur l'Occident et les Orients chrétiens dans leur diversité, de Constantinople à l'Ethiopie en passant par l'Arménie, cet ouvrage n'en porte pas moins sur une aire régionale méditerranéenne où, à l'exception de sa partie nord-occidentale, les pouvoirs islamiques gagnent en importance au détriment des pouvoirs chrétiens. Entre Occident et Orients chrétiens, ilkhanides et islamiques, porosité, emprunts ou, à l'inverse, revendications identitaires de communautés qui, loin de vivre isolées les unes des autres, sont en interaction constante, constituent une variable supplémentaire de la définition d'une écriture de l'histoire.
En réunissant les contributions d'orientalistes et d'occidentalistes, médiévistes comme modernistes, ce volume offre une réflexion transversale autour de la production et de la transmission des récits historiques dans l'espace méditerranéen et proche-oriental au Moyen Age. Ces récits sont autant de symptômes de l'intégration constante qu'opèrent des sociétés interconnectées et ouvertes à de nouveaux espaces comme à l'introduction de nouvelles idées.