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Au lendemain d'un violent orage, la petite ville de Summersdown, sur le canal de Bristol, semble avoir dévié de son axe. A commencer par la banale chaise de jardin qui, frappée par la foudre et disloquée au point de ressembler à un monstre échevelé, se retrouve par hasard dans l'appentis de Conrad Swann, artiste bohème à la famille recomposée et aux moeurs dissolues. De Conrad, nulle trace depuis la catastrophe.
Cet étrange totem serait-il son dernier chef-d'oeuvre, l'Apollon qu'il destinait à un prestigieux prix ? Le cercle intellectuel qui gravitait autour de l'artiste désargenté n'hésite pas à s'emparer de cette création, allant jusqu'à tenter de convaincre la municipalité d'en faire l'acquisition grâce aux deniers publics. Dickie, notaire intègre et mélancolique siégeant à la commission, est la proie toute trouvée de la redoutable Martha, représentante autoproclamée de l'oeuvre de Conrad Swann.
Mais tout ce petit monde qui s'entre-déchire semble avoir oublié jusqu'à l'existence de la ribambelle d'enfants vivant sous le toit des Swann, livrés à eux-mêmes, le ventre creux. Cette sombre comédie, grinçante à souhait, a tout le mordant et la sagacité dont Margaret Kennedy a déjà fait preuve.
Être ridicules ensemble
Cette satire parfois désordonnée se gausse du besoin de se conformer à la société, de taire ses impressions par peur de passer pour ridicule. C'est précisément en suivant le mouvement que les héros de Margaret Kennedy deviennent risibles, le nœud du livre provoquant également des tensions maritales savoureuses. Publié en 1955, Les Oracles peut aussi se lire aujourd'hui comme une critique mordante de l'art contemporain (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2024/04/04/les-oracles-margaret-kennedy/)