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Cette recherche étudie les modalités d'approvisionnement de la ville de Venise en produits de la mer (poissons, crustacés et coquillages) au XVIIIe siècle, dans un système qui concerne à la fois des acteurs, des pratiques, des espaces et des modes de gouvernement. L'analyse prend comme point de départ les espèces, leurs lieux de croissance, les rythmes de production, puis l'exploitation du poisson qui devient une ressource alimentaire pour la ville.
A Venise, l'ensemble des habitants, des patriciens aux membres du popolo les plus fragiles, consomme des produits de la mer quotidiennement et sous toutes leurs formes. Cette place remarquable du poisson dans l'alimentation a entraîné, chez les acteurs impliqués dans ce système, pécheurs, marchands et gouvernants, d'intenses réflexions autour de la propriété, de la gestion, de l'exploitation et de la protection des espèces.
L'étude se situe par conséquent à la croisée de plusieurs champs historiques (histoire environnementale, histoire sociale et histoire des institutions) et emprunte également certaines de ses approches à l'histoire économique et à l'histoire urbaine. L'enjeu est de déterminer comment se crée et se négocie un système de gestion et d'exploitation d'une ressource, impliquant des savoirs politiques, des savoirs techniques et des usages particuliers élaborés dans des milieux lagunaires et maritimes.
Cette interaction est en pleine évolution au XVIII. siècle, à une période où les mécanismes marchands et économiques sont soumis à des évolutions de conception profondes. Les ressources de la mer n'échappent pas à ces questionnements et la materia del pesce, expression utilisée par les magistrats vénitiens, devient un espace de négociation, mais également de lutte, entre les acteurs du système et les gouvernants dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.