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Ravel n'aurait jamais dû faire la guerre car sa petite taille et sa constitution l'en dispensaient. Mais, alors qu'il est déjà célèbre, le compositeur fait des pieds et des mains, harcèle l'armée jusqu'à, enfin, obtenir le droit de partir. Il sera conducteur d'ambulance, chauffeur de camion, coursier... et musicien à ses heures perdues. Ensuite ce sera le difficile retour à Paris puis son installation à Montfort-l'Amaury avec en tête, toujours, l'énorme concerto du front .
Une tranche de vie cueillie par l'auteur et admirablement écrite. Michel Bernard , né en 1958 à Bar-le-Duc, est un écrivain et haut fonctionnaire français, officier de l'ordre des Arts et des Lettres. Ancien élève de l'Ecole nationale d'administration, il fait une carrière dans le corps préfectoral et est actuellement en disponibilité après avoir été sous-préfet. Du même auteur aux Editions de la Loupe : Deux remords de Claude Monet (Prix du festival du livre de Me
Ravel dans la tourmente de 14-18
Dès les premières phrases, les mots de Michel Bernard m’ont enveloppée. Son écriture classique et délicate fait revivre Ravel lors de la première guerre mondiale.
D’aucun aurait tout fait pour ne pas être mobilisé, Ravel, au contraire, malgré ses 48 kilos a fait des pieds et des mains pour partir. « Il voulait autant faire la guerre que fuir l’arrière » car « il lui répugnait de poursuivre son existence comme avant alors que des millions d’autres hommes, riches ou humbles, humbles surtout, avaient été mobilisés pour défendre le pays ». Le voici donc à Bar-le-Duc, au volant d’un gros camion Ariès « Maurice Ravel tenait et tournait à force de bras le grand volant d’un poids lourd de l’armée française » Dur à imaginer ce frêle jeune homme au volant d’un tel véhicule.
Jean Echenoz avait proposé un Ravel superbe sur les dernières années de la vie du compositeur. Michel Bernard enveloppe Ravel dans son époque ; un Ravel, comme tous ses congénères, à jamais marqué par la guerre. Le compositeur trouve un peu de sérénité dans les forêts, à écouter les chants d’oiseaux. J’ai partagé avec les spectateurs un moment de grâce dans ce beau livre lorsque Ravel déniche, dans un hôpital de fortune,un piano. Là, le « petit soldat pianiste » enchantera les soirées. Ce sera un moment de magie pour soignants et soignés. "Une musique délicieuse, apparemment très simple et incroyablement raffinée. Joyeuse et douloureuse à la fois, sans qu’il soit possible de dire laquelle dans ces harmonies était joyeuse, laquelle était douloureuse, elle ne ressemblait à rien de connu.»
Ce que fait dire Michel Bernard à Ravel sur ce qu’écrivent les journalistes, je l’ai ressenti dans « L’enfer de Verdun » de Félicien Champsaur.
Un livre superbe. J’ai aimé l’écriture de Michel Bernard puissante, classique, délicate. Beaucoup d’images dans ses phrases comme celles concernant « la voie sacrée » toujours en réparation (p.48).