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«Ne me fais pas devenir fou, je t’en prie, ma fille. Je ne te gênerai plus, mon enfant ; adieu. Plus de rencontre à craindre ; désormais, Nous ne nous verrons plus. Pourtant, tu es ma chair Et mon sang, et ma fille. Ah, bien plutôt le mal Qui habite ma chair, et que je suis forcé De reconnaître mien. Tu es un chancre, Un furoncle pesteux, un abcès plein de pus Dans mon sang qu’il corrompt. Mais, va, je ne veux pas Te faire de reproches.
Vienne l’opprobre A l’heure qu’il voudra, je ne l’appellerai Ni sur ton front le trait du porteur de foudre, Je ne dirai de toi rien de condamnable Au divin Jupiter, le juge. Amende-toi. Si tu le peux. Deviens meilleure s’il t’est loisible.» Acte II, scène IV.
Sang, fureur et folie
Dans la plus belle langue qui soit, Shakespeare nous entraîne dans un conte horrifique plein de violence et de sang. Lear veut partager son royaume entre ses filles. Mais Cordelia sa plus jeune fille, sa préférée, parle selon sa conscience au lieu de le flatter et il ne le supporte pas. Aveuglé par le pouvoir, le vieux roi va entraîner peu à peu son royaume dans le chaos et sombrer dans la folie. Des scènes flamboyantes, des personnages monstrueux, d'autres d'une pureté cristalline, le théâtre de Shakespeare joue des contrastes et nous montre toutes les facettes, même les pires, de la nature humaine. C'est aussi une pièce sur les liens entre les pères et les filles: accrochez-vous, car le dramaturge anglais en montre la beauté mais en dévoile aussi les pires ressorts... Une pièce d'une incroyable liberté, d'une grande modernité. Quatre siècles avant la psychanalyse, tout est déjà là!