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Premier roman de Léon Bloy, Le Désespéré (1887) est un pavé dans la mare de tous les conformismes. Caïn Marchenoir est le héros de ce roman largement autobiographique: catholique intransigeant révolté par le silence de Dieu et la vaine attente de la rédemption, paria parmi les hommes, il lance le plus violent des anathèmes contre ses contemporains. Le Désespéré est tout à la fois un cri de révolte, un amoureux blasphème, un pamphlet vitriolé contre la foule des "digérants" républicains et la "Grande Vermine" des lettres.
Mais Le Désespéré est surtout un aérolithe littéraire, écrit dans une langue barbelée de mors rares, étrangement mystique, une oeuvre d'une surprenante modernité. Cette édition, abondamment annotée et qui tient compte des différents états du texte, offre un éclairage précieux sur ce formidable roman de l'inquiétude spirituelle.
Le révélateur du Mal.
Un livre tant drôle qu'on soupçonnerait presque l'auteur de se laisser aller à une persuasion fourbe pour nous faire adhérer à des idées qui, autrement, nous révulseraient. Mais c'est bien gratuitement, finalement, que Léon Bloy se fait virtuose de la langue française (empruntant des mots à l'argot, au passé, au latin et même à sa propre imagination) ; car toutes ses convictions, toutes ses protestations et ses attaques plus incisives qu'un crochet de serpent dirigées contre les porcs au cœur corrompu de son époque, sont justes et belles, comme portées par un souffle de Vérité révélatrice du néant paré du costume des hommes de bonne société, les antichrists annoncés par la Bible.