Le bouddhisme des Français. Le bouddhisme tibétain et la Soka Gakkaï en France, contribution à une sociologie de la conversion

L'objet de ce livre est d'analyser les termes de l'adhésion au bouddhisme, à partir d'un recueil des récits de vie, effectué auprès de pratiquants français du bouddhisme tibétain et de la Soka Gakkd (approche compréhensive). Il s'agit d'abord de comprendre le sens de cette démarche, dans la perspective de la " dérégulation " religieuse contemporaine. L'adhésion bouddhiste occidentale suppose le rejet des idéologies totalisantes et l'affirmation d'une forte autonomie par rapport à la structure et à la doctrine. Cependant, il y a persistance des " systèmes collectifs de sens " pour légitimer les expériences personnelles. L'institution tend à se faire relais en s'adaptant aux nouvelles demandes des fidèles. Parallèlement, elle participe à un travail d'offre. L'adhésion au bouddhisme semble donner le sentiment d'une reprise en main de son existence. Elle passe par la reconstruction verbale d'une trajectoire chaotique. On observe un " réenchantement du monde " par la culture de l'intériorité, une discipline d'auto-perfectionnement, la ritualisation du quotidien ; et l'adoption d'un système symbolique (pratique psycho-corporelle, signification religieuse donnée à la souffrance, à l'insatisfaction, au destin). Présentée par ses fidèles comme le système de salut le plus adapté aux enjeux contemporains, qu'il s'agisse du gouvernement quotidien de soi, des évolutions de la science ou de la globalisation du monde, la pratique bouddhiste ne signifie pas un rejet des valeurs de la modernité, mais la volonté d'un redéploiement éthique de ces valeurs, à travers une économie du salut qui a valeur d'idéologie. En ce sens, le bouddhisme français apparaît comme symptomatique de la religiosité contemporaine.