La peine des hommes. L'OIT et la santé au travail (1919-1940)

Quand, comment et pourquoi, la santé des travailleurs et des travailleuses a-t-elle fait l'objet d'études et de conventions internationales et s'est imposée comme l'une des réformes sociales à mener ? C'est cette histoire que ce livre se propose d'examiner, dans le cadre de l'Organisation internationale du travail qui fête ses 100 ans cette année. Seule organisation internationale à survivre à la Deuxième Guerre mondiale parmi celles nées en 1919, l'OIT présente une particularité -le tripartisme- soit la représentation des salariés, des employeurs et des gouvernements des Etats membres, au sein de ses différentes instances.
Avant d'être reconnus dans la législation, d'être prévenus ou réparés, les risques industriels, les maladies professionnelles et les accidents du travail ont longtemps été ignorés ou déniés. L'Organisation internationale du travail se donne l'objectif de réguler l'économie et la production afin de préserver la santé des travailleurs, parmi d'autres réformes. L'OIT mobilise son personnel et des experts à travers le monde afin de connaitre et faire reconnaitre les conditions de travail ainsi que les savoirs médicaux ou techniques qui permettront de sauvegarder la santé des travailleuses et des travailleurs.
Les représentants des travailleurs et des employeurs interviennent dans la politique de santé qui se décide à l'OIT. Les normes en matière de santé au travail, forgées par l'OIT servent ensuite de référence pour les législations des Etats membres, mais aussi de boussole pour les luttes dans les pays où elles ne sont pas appliquées ou pour des pathologies nouvellement prises en considération. Toutefois, l'OIT est prise en étau entre sa volonté d'universalisme et les principes de réalité ; la santé au travail est une question qui fait débat et le consensus nécessaire est difficile à réaliser.