La Pacifique. Roman autobiographique

Malentendant de nos jours, ce n'est pas grave, c'est juste embêtant... pour les autres ! Ils sont obligés de modifier leur timbre de voix, leur attitude comme se pencher vers l'oreille ou les oreilles incriminées. En fait, c'est bien plus qu'embêtant. Imaginez-vous un instant handicapé des oreilles : on peut fermer ses oreilles quand on veut, on n'est pas obligé d'écouter si l'on n'en a pas envie et surtout, on n'entend que ce qu'on a envie d'entendre. Alors, qui sont les vrais sourds ? Seulement ceux qui utilisent le langage des signes et seulement ceux-là ? Il est grand temps de faire savoir que les malentendants étaient parqués avec les fous ! Cela vous étonne ? Par expérience douloureuse, je suis à même de confirmer que la surdité amène à l'isolement non souhaité et, s'il est mal vécu, jusqu'à la dépression. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour nous mettre à la portée des autres, nous fournissons un travail intense du cerveau pour décoder des mots mal perçus et, selon l'enregistrement interne de la phonétique - les mots jouant une musique - nous réussissons l'impensable : restaurer des morceaux de mots, de phrases, assemblés selon un contexte défini. S'il vous prenait l'envie de dire que l'on a beaucoup fait dans le domaine de la miniaturisation des appareils auditifs, sachez bien qu'il ne s'agit là que de prothèses qui élèvent le son, ceux-ci sont fragiles (humidité, sueur, chocs...), ils ne vivent que six ans et sont très chers. Voici pourquoi cette traversée en solitaire fait penser à quelque personne se noyant au sein des écueils de l'océan...