Lisa Gardner est une romancière américaine généralement considérée comme l’une des grandes dames du roman policier féminin, et La maison d’à côté fut ma première excursion dans son univers. L'un de ses personnages récurrents est la policière D.D. Warren qui apparaît dans six de ses ouvrages. Elle est ici confrontée à la disparition d’une jeune femme dont le mari affiche une telle indifférence qu’il en devient immédiatement le suspect numéro 1 des enquêteurs. Mais tout n’est pas si simple…
Les points de vue qui nous sont proposés sont multiples, et c’est ce
qui m’a d’emblée intéressée dans cette histoire : celui de l’enquêtrice, celui du mari éploré qui ne l’est pas franchement, celui d’un délinquant sexuel qui habite dans la même rue que la victime et fait un suspect idéal, celui de la disparue elle-même… Et le style d’écriture adopté s’accorde à chacun : on passe d’une narration classique à la troisième personne au « je » du délinquant sexuel, d’un style de police normal à l’italique lorsque la disparue nous parle en voix off.
L’intrigue en elle-même est bien menée, le suspens va croissant. Plusieurs hypothèses sont tout à fait crédibles quant à ce qui a pu se passer, et il est difficile de démêler le vrai du faux. Le style est tout à fait crédible, et j’ai particulièrement apprécié l’interrogatoire de la jeune Ree, une enfant de quatre ans qui a vu quelque chose, mais qu’il est bien difficile de faire parler. On ne peut pas faire pression sur elle comme on pourrait le faire sur un adulte… Étrangement le personnage de l’enquêtrice elle-même m’a d’emblée était antipathique, mais ça ne m’a pas gênée outre mesure, j’étais du côté du mari, voilà tout !
Pas de gore, dans ce roman, ni de scène difficile. Je me suis simplement prise au jeu, essayant moi aussi de reconstituer les faits, les mobiles qu’auraient pu avoir chacun des suspects, qui tous ont un petit côté attachant étrangement. Mon seul petit regret, c’est que j’avais finalement deviné une partie de la résolution de l’enquête, mais assez tard dans le bouquin quand même. J’ai également apprécié que l’auteur se soit documentée sur les rouages du système judiciaire américain, notamment en ce qui concerne les délinquants sexuels, ça rend les choses d’autant plus crédibles.
En conclusion, j’ai passé un excellent moment, et j’ai dévoré ce roman. Ce n’est sûrement pas le thriller du siècle, mais un livre au suspens parfaitement maîtrisé, avec un petit goût de « reviens-y » qui m’incitera, je pense, à lire d’autres ouvrages de Lisa Gardner.
Coup de coeur
Outre-Atlantique, Lisa Gardner fait partie du cercle très privée des "grandes dames du crime" à l'instar d'Elizabeth George ou Martha Grimes. Pour ma part, il ne me suffira que de cette première lecture pour confirmer son talent. Je me suis laissée embarquer dans cette enquête à trois voix, le narrateur, la victime et l'un des suspects présumés.
On s'aime, on vit ensemble, on se marrie (ou on se pacse) pour le meilleur et le pire. Si le meilleur peut apparaître dès les premiers instants (et ce que l'on souhaite à tous les jeunes amoureux), le pire se glisse sournoisement dans la vie quotidienne, dans les mensonges ou les omissions. Je faisais la réflexion à mon père, il y a pas si longtemps, que lorsqu'on vit une histoire d'amour avec quelqu'un, on l'a vit aussi avec son passé, avec ses ex également; tout comme il ou elle la vit avec le nôtre. Nous évoluons au fur et à mesure de la vie, des évènements, des coups durs...
Un chassé-croisé parental rendant le quotidien quelque peu minuté est soudainement bouleversé par la disparition de la mère. Un puis des passés qui ressurgissent sous cette calme apparence, et la trame se dévoile pour un final assez surprenant. L'enquête est confiée à une jeune capitaine, D.D. (surnom typiquement américain au passage) qui de fil en aiguille tente de découvrir ce qui ce cache derrière "cette maison d'à côté". Vous en dire plus amènerait à vous dévoiler certaines choses. Juste un coup de cœur pour cette jeune choupette, Ree, tout juste âgée de 4 ans mais qui a déjà compris pas mal de choses à la vie avec un grand V.
Si quelques clichés tout à fait américains ponctuent le récit, le talent de l'auteure font disparaître toute notion de surcharge et apporte un véritable page-turner (il faudrait trouver un mot français d'ailleurs), je l'ai dévoré en deux petites journées et ai très difficilement réussit à le lâcher.