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Du Moyen Age à nos jours, l'arrestation des suspects, des évadés, voire des opposants politiques, supposée nécessaire à l'enquête, vit se dresser contre elle une grande quantité de préventions. En effet, ce n'est pas toujours une main forte débridée que les historiens rencontrent dans le passé policier. Se saisir d'un homme à des fins judiciaires ne se justifiait pas aisément et les mots pour le dire ne s'écrivaient que difficilement.
Tour à tour, les captures scandalisaient ou étaient ardemment réclamées par les populations. Au-delà des lois et des règlements, cet ouvrage observe avant tout les tensions et les défiances qui fondent une étude de la réception des prises de corps dans l'histoire. Hier, comme aujourd'hui, l'arrestation entame si fortement la vérité qu'elle déshonore et, partant, elle préempte l'innocence ou la culpabilité.
Entre moment et temps de la procédure - cet instant fugace et insaisissable - l'arrestation bouleverse la chronologie de l'enquête. Les polices constituées - en plein essor depuis la fin du Moyen Age - étaient, et demeurent, lourdement exposées lorsqu'elles se décident à entraver : force d'interposition jetée entre les populations et les cadres judiciaires, l'uniforme est parfois livré à la foule qui se dresse contre lui ou tente de le précéder.
Cas célèbres, exemples de chasses à l'homme et populations rebelles scandent l'histoire de nos libertés confrontées à l'Etat justicier. L'arrestation mérite donc une histoire que cet ouvrage arpente pour la première fois, pour mieux révéler un art politique de la capture justicière : celui de pressentir l'approbation, ou la désapprobation collective.