Dans les confins orientaux de la Pologne, sur la frontière biélorusse, dans les années où s'établit le pouvoir communiste en Russie et où s'installe un pouvoir indépendant à Varsovie, on vit bien souvent de contrebande. Qui dit contrebande dit péripéties, et donc audace, aventure, romances, filatures, suspense, éléments pour l'essentiel autobiographiques que nous retrouvons dans L'Amant de la Grande Ourse de Sergiusz Piasecki.
Wtadek, jeune homme de la frontière, mène une vie d'homme libre, se joue des lois, des Etats, voire de ses congénères. Et pourtant, comme dans toute société, la vie est réglée par une loi: en l'occurrence, celle de la frontière et de ses hommes. Au gré des rencontres et des disparitions, des amitiés et des brouilles, des succès ou des échecs, nous évoluons parmi des hommes qu'habite une seule et même pensée: l'aventure. On joue le tout pour le tout, pour l'argent, la gloire, l'estime des siens ou l'amour d'une belle, mais surtout, oui, surtout pour ce goût ineffable que donne l'aventure à la vie dans ces contrées austères et maussades où la sérénité n'existe que dans les étoiles, sous la constellation de la Grande Ourse.
Pimenté par une langue imagée autant que personnelle - l'auteur n'a parlé que le russe jusqu'à l'âge de vingt ans et il a rédigé son récit polonais en six semaines à peine - L'Amant de la Grande Ourse nous découvre tout à la fois un pays méconnu et une page occultée de l'histoire, mais surtout une aventure authentique dans tous les sens du terme.