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À découvrir
Ces trois mots qui commencent souvent les lettres des enfants, Ici ça va, sont rassurants. Ils expriment la quiétude d’Ema et du narrateur venus s’installer dans la veille maison des parents du jeune homme. Tout est à reconstruire, des murs, de la cabane, du jardin et de leurs vies. Derrière la douceur des mots, la lenteur des phrases, on perçoit la blessure de l’homme. C’est un retour aux sources pour en finir des angoisses sûrement liées à la disparition du père, une ancienne cicatrice qui a refait surface à l’âge adulte.
Au fil des courts paragraphes, la nature douce et
lente berce le jeune couple et panse les plaies. Il faut réapprendre la confiance auprès des animaux, de la rivière, de la nature et des gens simples et accueillants de la campagne.
Le texte est simple et beau. L’émotion et la tendresse sont présentes dans chaque phrase et c’est avec langueur que je me suis laissée bercée par ce texte, émue par la fragilité du narrateur et la bonté et la douceur d’Ema.
"c’est un joyeux chantier. Un peu comme une vie en kit dont les milliers d’éléments seraient éparpillés sur le sol et qu’il faudrait prendre le temps de remonter."
" en murmurant mes gestes."
Un texte court aux phrases simples qui se lit très agréablement. On assiste au retour à la terre (à l’enfance) d’un jeune couple. Une manière de revenir à l’essentiel, à la nature, aux choses simples. L’écriture est en accord avec ce qu’elle décrit. Ce n’est pas forcément le genre de roman que j’aime lire habituellement, mais je m’y suis glissé avec plaisir, et j’y étais bien. Il y fait doux, tiède, la nature bruisse de partout...
Dans la vie de tous les jours, Thomas Vinau laisse aller les pensées et les sentiments de son narrateur au gré des petits riens qui constituent son existence avec son épouse. On ne sait de lui ni son identité, ni ce qu’il est dans la vie. C’est à peine si l’on devine ici ou là ce qui le hante, et le fait souffrir au plus profond de lui-même.
S’isoler à la campagne, et retaper avec sa femme Ema une vieille demeure lui redonne goût à la vie. L’amour d’Ema lui est salutaire. Jour après jour il apprend à surmonter la perte, et à supporter le manque.
« Je porte un collier
de perle noires autour de mon cou. Le collier de ceux qui gardent leurs absents à l’intérieur. Nous sommes nombreux à le porter. Je ne le sens presque pas. Il n’embarrasse plus ni mes gestes ni mes rêves. »
Si j’ai trouvé ce second roman mieux construit, et moins brouillon que le premier, si je suis davantage parvenue à intégrer l’univers de l’auteur, et à « rentrer » dans son écriture, ce style, sans histoire vraiment définie, me perd davantage qu’il comble. L’écriture, toujours aussi soignée, imagée, et poétique, passe au second plan, et ne parvient toujours pas à me toucher.
Retour sur Terre
C'est le premier arrivé sur ma table et il restera sans doute l'une des plus belles surprises de ce début de rentrée. Ni annoncé, ni plébiscité d'aucune manière mais c'est le premier arrivé, il sera le premier servi. Retour sur Terre ou retour à la terre, ce petit roman à la forme original, aux chapitres très courts, donne l'impression très vive d'une chronique, du journal possible d'un retour à quelque chose de tangible et nous donne un bel écho à l'une des grandes aspirations de notre époque. Il commence comme une sorte d'inventaire des choses à faire, d'un chantier de rénovation d'une maison presque abandonnée et par petites touches va devenir un journal des saisons, du souvenir et d'une nouvelle vie, d'une nouvelle chance, d'un recommencement. Objets, images, impressions, tout prend sens, "nous retrouvons quelque chose". Esprit et jardin se recomposent dans le désordre et l'envie. Le chemin est pris, il imprègne le corps et l'esprit. Véritable renaissance, l'observation, l'engagement dans cette nouvelle vie va donner lieu à la joie et à son expression la plus juste. On prend plaisir à la narration courte d'un fait concentré qui prend sens et beauté comme une suite d'images qui à chaque fois prendraient immédiatement sens et profondeur à leur exposition. On s'engage doucement dans ce monde que l'on désire parfois ardemment : "un monde neuf, sauvage, hirsute et tendre. Un refuge qui ne sert à rien comme nous." L'auteur le dit assez simplement : "c'est un livre qui à la prétention de l'aube, de l'horizon, du recommencement."